- La proportion de premiers rapports "acceptés mais pas vraiment souhaités" ou "forcés" est deux fois plus élevée chez les étudiantes (13%) que chez les étudiants (6%).
- 9% des étudiants issus des familles les plus modestes (revenus des parents inférieurs à 1 500 € par mois) n’ont pas utilisé de préservatif, contre 19% parmi ceux dont les revenus parentaux mensuels excèdent 3 500 €.
À l’entrée dans les études supérieures, une large part des étudiants n’a pas encore vécu son premier rapport sexuel, faisant de cette population une cible privilégiée en termes de prévention et d’information sur le consentement.
Perte de la virginité
Le temps des études est une étape importante de transition dans la vie amoureuse des jeunes. Alors qu’à 17 ans, la moitié des étudiantes et étudiants inscrits à l’université n’a jamais eu de rapport sexuel, ils ne sont plus qu’un quart dans ce cas à 22 ans. "S’il est fréquent que les étudiants et, plus encore les étudiantes, sont en couple, la relation de couple s’accompagne rarement d’une vie commune aux plus jeunes âges", ajoutent les chercheurs de l’Ined.
De nombreux rapports sexuels forcés
De manière rétrospective, les étudiants ont été interrogés sur le caractère "souhaité/pas vraiment souhaité/forcé" de leur premier rapport sexuel. La proportion de premiers rapports "acceptés mais pas vraiment souhaités" ou "forcés" est deux fois plus élevée chez les étudiantes (13%) que chez les étudiants (6%). Elle est par ailleurs d’autant plus élevée que ce rapport est survenu tôt. Si l’origine sociale pèse peu sur le consentement, l’effet de la nationalité est plus marqué. Les premiers rapports "pas vraiment souhaités" ou "forcés" atteignent 23% chez les étudiantes étrangères et 14% chez les étudiants étrangers.
Utilisation du préservatif
Une corrélation s’observe entre les conditions d’entrée dans la sexualité et les pratiques préventives. D’une part, la précocité du premier rapport va de pair avec une moindre utilisation du préservatif, particulièrement marquée chez les hommes. D’autre part, les comportements à risque sont corrélés au degré de "souhait" du premier rapport sexuel. Alors que 16% des étudiantes et 20% des étudiants dont le premier rapport était "souhaité à ce moment-là" disent ne pas avoir utilisé de préservatif, ces proportions atteignent 26% et 41%, respectivement, lorsque le premier rapport n’était pas vraiment souhaité, voire contraint.
Les comportements préventifs varient assez sensiblement selon le milieu social : 29% des étudiants issus des familles les plus modestes (revenus des parents inférieurs à 1 500 € par mois) n’ont pas utilisé de préservatif, contre 19% parmi ceux dont les revenus parentaux mensuels excèdent 3 500 €. Les écarts sont également marqués chez les étudiantes (24% contre 13%).
MST
Bien que les étudiants fassent moins souvent état que les étudiantes de pratiques préventives lors de leur premier rapport (usage du préservatif, avoir fait quelque chose pour éviter une grossesse), ils sont aussi moins nombreux à déclarer avoir déjà eu une infection sexuellement transmissible (9% versus 13%).
"L’encouragement plus systématique et plus précoce au dépistage (des hommes comme des femmes), pour des infections souvent asymptomatiques, est un levier clé afin d’éviter la contamination entre partenaires et le développement silencieux de complications", estiment les scientifiques de l’Ined.
Grossesse non désirée
Les étudiants font par ailleurs un peu moins souvent part d’une grossesse non désirée que les étudiantes (6% versus 8%), ces dernières n’ayant pas nécessairement informé le géniteur.
"Ces différences entre sexes révèlent la persistance d’une spécialisation des rôles qui fait reposer sur les femmes plus que sur les hommes les préoccupations relatives à la santé sexuelle et reproductive. La prévention doit à la fois promouvoir des comportements sexuels limitant les risques mais aussi encourager à une plus grande responsabilisation des hommes", analyse l’Ined.