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Pesticides

Dérogation pour les betteraves : les néonicotinoïdes sont-ils nocifs pour la santé humaine ?

Par Mathilde Debry

Après l’Assemblée, le Sénat a lui aussi voté les dérogations pour la filière de la betterave sucrière concernant l’utilisation des néonicotinoïdes.

Maryviolet / istock.
Les néonicotinoïdes affectent défavorablement la santé humain, selon plusieurs études.
10,67% des aliments végétaux testés et vendus en France contiennent des néonicotinoïdes.

Voté par le Sénat le 28 octobre, un projet de loi controversé autorise, à titre dérogatoire, les producteurs de betteraves à sucre à utiliser jusqu’en 2023 des semences traitées avec des pesticides de la famille des néonicotinoïdes, interdits depuis 2018.  

Anomalie congénitale grave

Mortels pour les abeilles, les nécotinoides sont aussi un "poison pour l’homme", de l’aveu même de Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique. Une étude conduite sur des rats publiée en 2012 suggère que les néonicotinoïdes pourraient affecter défavorablement la santé humaine, spécialement le développement du cerveau.

Une première analyse systématique de la littérature scientifique codirigée par Melissa Perry (université George Washington) et publiée le 2 février 2017 dans la revue Environmental Health Perspectives rapporte des risques possibles et "des associations avec des conséquences développementales ou neurologiques défavorables" : une augmentation du risque d’autisme, des troubles de la mémoire et de tremblements, de malformation congénitale du cœur (dite "tétralogie de Fallot"), ainsi que d’une autre anomalie congénitale grave, l’anencéphalie (absence partielle ou totale de cerveau et de crâne à la naissance).

Susceptible de provoquer le cancer

Chez le rat, le thiaclopride est nocif en cas d’inhalation, et ce même à la plus faible dose. Dans des situations d’exposition chronique, les rongeurs présentent des dégénérescences et des nécroses du foie, ainsi que des attaques à la thyroïde, aux ovaires et à l’utérus. Le thiaclopride a donc été classé comme "susceptible de provoquer le cancer" chez l’homme par l’Anses dans un rapport daté de 2017.

Impossible à éliminer par le lavage ou le pelage

L'ONG Génération futures publie, en octobre 2020, un rapport indiquant la présence d'une ou plusieurs néonicotinoïdes dans 10,67% des aliments végétaux testés et vendus en France. "Ces insecticides sont principalement détectés dans les fruits et légumes et parce qu’ils se distribuent dans tout l’aliment, et qu’il est presque impossible de les éliminer par le lavage ou le pelage", précisent des experts canadiens.