- La pollution de l'air aux particules fines augmenterait le nombre de morts contaminés par la Covid-19.
- Les particules fines et la Covid-19 ont en commun d'être microscopique et de rentrer profondément dans les poumons et dans la circulation sanguine.
- Combinés ensemble, ils ont responsable de 15% des morts dus au coronavirus dans le monde.
Pour la première fois, un lien est établi entre la Covid-19 et la pollution. Dans une étude internationale, des chercheurs affirment qu'une proportion non négligeable de morts dues au coronavirus seraient liées à la pollution de l’air. Selon leurs estimations, au niveau mondial, 15% des décès dus à la Covid-19 sont causés par l’exposition prolongée à la pollution atmosphérique. Cette proportion change en fonction des pays. Les résultats de l’étude sont parus le 26 octobre 2020 dans la revue Cardiovascular Research.
Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs ont utilisé les données épidémiologiques provenant d’études chinoises et américaines sur la Covid-19 et la pollution de l’air. Ils se sont également servis de données sur l’épidémie de SRAS de 2003, ainsi que de statistiques supplémentaires venues d’Italie.
18% de morts de la Covid en France à cause de la pollution
Ces chiffres ont été croisés avec les données satellites montrant sur le globe la répartition des particules fines PM2,5, les conditions atmosphériques et les réseaux de surveillance de la pollution au sol. Ainsi, ils ont pu créer un modèle capable de calculer la frange de la population morte à cause de la Covid-19 et d’une exposition longue à la pollution de l’air.
Les résultats montrent que la pollution atmosphérique a contribué à 27% des décès dus au Covid-19 en Chine, à 29% en République tchèque, à 18% en France et aux Etats-Unis, à 12% au Brésil mais à seulement 4% en Iran et 1% en Nouvelle-Zélande.
Toutefois, les chercheurs nuancent ces résultats, car cette “fraction attribuable n'implique pas une relation directe de cause à effet entre la pollution de l'air et la mortalité Covid-19 (bien que cela soit possible). Elle fait plutôt référence à des relations entre deux, directes et indirectes, c'est-à-dire par l'aggravation de comorbidités (autres conditions de santé) qui pourraient conduire à des résultats sanitaires mortels de l'infection par le virus.”
Des effets démultipliés par la pollution aux particules fines
Les chiffres avancés restent tout de même élevés, surtout dans les pays où le nombre de morts attribué à la Covid-19 sont forts. “Étant donné que le nombre de décès dus à COVID-19 ne cesse d'augmenter, il n'est pas possible de donner des chiffres exacts ou définitifs de décès dus à COVID-19 par pays qui peuvent être attribués à la pollution de l’air, indique Jos Lelieveld, professeur de chimie à l’Institut Max Planck (Allemagne). Cependant, à titre d’exemple, aux États-Unis, avec plus de 220 000 décès par Covid-19 et une fraction de 18 %, cela donne environ 40 000 décès attribuables à la pollution de l’air.”
De nombreuses études ont déjà démontré l’influence de la pollution atmosphérique avec les particules fines sur la santé, notamment sur l’espérance de vie perdue. A cause de leur taille microscopique, ces particules polluantes s’infiltrent loin dans les poumons et la circulation sanguine. La Covid-19 suivrait le même chemin, ce qui expliquerait pourquoi cela démultiplie les risques mortels selon Thomas Münzel, professeur au centre médical de l’université Johannes Gutenberg (Allemagne). “Si l'exposition à long terme à la pollution atmosphérique et l'infection par le virus Covid-19 s'associent, nous avons un effet négatif supplémentaire sur la santé, en particulier sur le cœur et les vaisseaux sanguins, ce qui entraîne une plus grande vulnérabilité et une moindre résistance à la Covid-19. Si vous souffrez déjà d'une maladie cardiaque, la pollution de l'air et l'infection par le coronavirus vous causeront des problèmes qui peuvent entraîner des crises cardiaques, une insuffisance cardiaque et des accidents vasculaires cérébraux.”