S'il est désagréable d'avoir le nez bouché à cause d'un rhume, il peut être très dangereux de vouloir à tout prix s'en soulager. Alors que le rhume touche chaque année 20 à 25% de la population, l'ANSM vient de rappeler les règles de prudence à suivre pour l'utilisation des médicaments vasoconstricteurs dont certains sont en vente libre. Actifed Rhume, Nurofen Rhume, Humex Rhume, Rhinadvil ou Dolirhume paracétamol sont des remèdes sous forme de comprimés qui sont délivrés sans ordonnance en pharmacie alors que les vasoconstricteurs sous forme de gouttes nasales nécessitent une prescription par le médécin.

Or ces médicaments vasoconstricteurs peuvent avoir des effets très graves, notamment en cas d'utilisation abusive ou trop prolongée dans le temps. L'ANSM rappelle que le risque lié à l'usage de ces produits concerne l'AVC, l'infarctus du myocarde, l'hypertension artérielle, des convulsions ou des réactions cutanées graves. En six ans (2012-2018) 307 cas graves (dont 25 AVC) ont été signalés dont 5 décès, selon la pharmacovigilance qui assure la surveillance des médicaments auprès de l'ANSM. L'agence du médicament évoque aussi dans ses mises en garde le "risque possible d'altération soudaine de la vue".

A proscrire en cas de grossesse et d'allaitement

Dans tous les cas, pour traiter un rhume et le nez bouché, il ne faut pas utiliser ces médicaments durant plus de 5 jours consécutifs et même les proscrire totalement en cas de grossesse et d'allaitement. Et le vasoconstricteur étant souvent associé dans des médicaments sous forme de comprimés à un anti douleur, il est également important d'éviter de prendre d'autres médicaments contenant ces mêmes molécules pour ne pas provoquer de surdosages.

"Un danger en termes de santé publique"

Les académies de médecine et de pharmacie qui souhaitent d'ailleurs créer un "observatoire du rhume" pour recueillir de nouvelles données en termes d'épidémiologie et de traitements suggèrent pour leur part que "les vasoconstricteurs ne soient délivrés que sur prescription médicale". Elles considèrent que ces traitements en libre accès, "alors qu'aucun traitement du rhume de l'adulte n'a jamais fait preuve d'une grande efficacité", représentent "un risque individuel d'effets indésirables, un danger en termes de santé publique et un coût non justifié en termes de dépenses de santé".