- Des chercheurs norvégiens ont collecté le sperme et le sang de cinquante patients affectés par la Covid-19.
- Le but de leur recherche, c'est de savoir si la Covid-19 peut modifier le matériel génétique des spermatozoïdes.
- Si c'est le cas, cela pourrait avoir une influence sur le système immunitaire des futurs enfants.
La Covid-19 pourrait-elle changer le système immunitaire des générations futures? Par le passé, les scientifiques ont découverts que certaines maladies, comme Ebola, pouvaient affecter le sperme humain. Des chercheurs de la faculté de médecine de l’université de Bergen (Norvège) s’intéressent à la question. Ils souhaitent savoir si l’infection au coronavirus affecte le développement du système immunitaire chez les futurs enfants.
Pour l’instant, cinquante patients âgés de 30 à 40 ans et affecté par la Covid-19 ont accepté de fournir un échantillon de leur sperme et de leur sang. De nouveaux tests seront effectués dans les 12 prochains mois.
Rechercher une mutation dans le sperme des pères
“Le système immunitaire est formé par des infections de toutes sortes, décrypte Cecilie Svanes, professeure au centre de santé intention de l’université de Bergen. Nous voulons étudier comment il est affecté par le Covid-19 et si l'infection a une implication sur le système immunitaire des générations futures. C'est pourquoi nous avons décidé d'étudier le sperme en plus du sang.”
Cette étude est la première du genre sur des êtres humains. Auparavant, des tests similaires avaient été effectués sur des animaux. Ils ont montré que les infections peuvent affecter le système immunitaire d’une génération future positivement ou négativement. Le tout est maintenant de savoir comment cela se passera chez l’humain. Des tests similaires ont déjà été réalisés sur d'autres maladies qui, elles aussi, peuvent altérer les spermatozoïdes, comme le fait Zika par exemple.
Dans leur hypothèse, les chercheurs pensent que le lien entre infection, sperme et défense immunitaire des futurs enfants est le résultat de changements épigénétiques, qui modifie la manière dont le matériel génétique sera “lu” et “compris” par le corps humain. Pour cette recherche, ils s’intéressent à l’ARN messager, qui est chargé de traduire l’ADN en protéines. “Si on devait comparer notre matériel génétique avec un livre de cuisine, l'épigénétique représenterait la manière dont les recettes doivent être lues. Nous pensons qu'une infection peut affecter ce processus”, explique Cecilie Svanes.
Reporter la conception d’un enfant
Pour cette recherche, il est évident que les chercheurs ne peuvent pas attendre que les patients atteints de la Covid-19 aient des enfants. C’est la raison pour laquelle ils étudient le sperme des pères, à la recherche des éventuels effets de l’infection sur la réponse immunitaire qu’aura leur progéniture. Ces échantillons de sperme sont ensuite comparés au sang des patients ainsi qu’à celui d’un groupe contrôle qui n’a pas contracté la Covid-19.
“Si nous constatons des changements négatifs considérables dans le sperme, il est possible que nous conseillions aux gens d'attendre pour avoir des enfants, par exemple, un an après une infection par Covid-19”, indique Cecilie Svanes.