- Les personnes qui soufrent de dépression ont plus de risques de réaliser un accident vasculaire cérébral.
- Plus la dépression est sévère et plus cela augmente le danger.
La dépression est accompagnée de nombreux maux. Outre les idées noires, l’insomnie, la perte d’énergie ou d’appétit, elle pourrait également avoir une influence néfaste sur notre cerveau. Des chercheurs des universités d’Alabama et d’Alabama à Birmingham (Etats-Unis) se sont intéressés au lien entre la dépression et les risques d’accidents vasculaires cérébraux. Les résultats de leur étude ont été publiés le 6 octobre 2020 dans la revue Neurology Clinical Practice.
Un danger pour les dépressifs
Pour cette étude, les chercheurs ont collecté les données des 24 045 participants (14 516 Blancs et 9 529 Noirs) inscrits à l’étude Regards, menée par l’université d’Alabama à Birmingham. Ce programme national, destiné aux personnes de plus de 45 ans et sans antécédents d’accident vasculaire cérébral, examine les facteurs de risque associé aux disparités ethniques et régionales dans l’incidence et la mortalité des accidents vasculaires cérébraux.
Les symptômes dépressifs des participants ont été classés à l’aide d’une grille d’évaluation appelée CES-D-4. Ce test, composé de plusieurs questions, évalue la fréquence à laquelle les personnes interrogées se sont senties déprimées, tristes, seules ou au bord des larmes dans les mois précédents.
En neuf ans, 1 262 participants de l’étude ont subi un accident vasculaire cérébral. Par rapport à ceux qui ne présentaient pas de symptômes de dépression, les participants avec un score CES-D-4 modéré présentaient un risque accru d’accident vasculaire cérébral de 39%, tandis que ceux avec un score élevé avaient 54% de risque supplémentaire de déclencher un AVC.
“Il existe un certain nombre de facteurs de risque bien connus d'AVC, tels que l'hypertension artérielle, le diabète et les maladies cardiaques ; mais nous commençons à comprendre qu'il existe également des facteurs de risque non traditionnels, et le fait d'avoir des symptômes dépressifs figure en bonne place sur cette liste, indique Virginia Howard, professeure à l’école de santé publique de l’université d’Alabama à Birmingham et autrice principale de l’étude. Ces facteurs de risque non traditionnels doivent être pris en compte dans la conversation sur la prévention des accidents vasculaires cérébraux.”
Un meilleur dépistage pour les personnes dépressives
Aucune différence n’a été notée sur les risques encourus en fonction de l’origine ethnique. Toutefois, selon Cassandra Ford, professeure adjointe à l’école de soins infirmiers de l’université d’Alabama, les risques seraient plus difficiles à détecter dans les populations noires. “La dépression passe souvent inaperçue et n'est pas diagnostiquée chez les patients noirs, qui sont souvent moins susceptibles de recevoir des soins et une prise en charge efficaces. Ces résultats suggèrent que des recherches supplémentaires doivent être menées pour explorer les facteurs de risque non traditionnels d'accident vasculaire cérébral. Les implications de nos conclusions soulignent l'importance d'évaluer ce facteur de risque dans les deux populations.”
Pour les deux chercheuses, grâce à leurs résultats, les professionnels de santé devraient apprendre à mieux reconnaître les signes de dépression chez leurs patients, et intégrer l’accident vasculaire cérébral comme un facteur de risque. “En tant qu'infirmières, nous nous occupons de la personne dans sa globalité. Notre étude apporte un soutien à la prise en compte de facteurs de risque non traditionnels lors de l'évaluation du patient, notamment en effectuant certains dépistages de santé mentale”, conclut Cassandra Ford.