- En 2016, il y a eu 54,6 millions de jours supplémentaires de stress et de dépression en décembre 2016 seulement pour les 109,2 millions d'adultes vivant dans les États pro-Hillary.
- Plus l'écart final entre les deux candidats est important, plus les risques de stress et de dépression sont grands.
- Les chercheurs craignent que les élections de cette année empire la santé mentale des électeurs à cause du contexte sanitaire et de ses conséquences.
54 millions de jours de stress et de dépression supplémentaires
Donald Trump ou Joe Biden ? Quel que soit le résultat, le clan des perdants est promis à des prochains jours sombres. Les chercheurs américains ont révélé que plus l’écart entre les deux candidats sera important, plus le nombre de jours de stress et de dépression pour les perdants sera important. “Les cliniciens devraient considérer que les élections pourraient entraîner au moins une augmentation transitoire de la mauvaise santé mentale et adapter les soins aux patients en conséquence”, a conclu Renee Y. Hsia, auteur principal de l’étude.Les chercheurs ont étudié les données de près de 500 000 adultes américains, en examinant les indicateurs de santé mentale lors des élections présidentielles de 2016. Ils ont constaté que les habitants des États qui ont voté majoritairement pour Hillary Clinton ont connu en moyenne une demi-journée supplémentaire de mauvaise santé mentale dans le mois suivant les élections par rapport au précédent. Cela s'est traduit par 54,6 millions de jours supplémentaires de stress et de dépression en décembre 2016 seulement pour les 109,2 millions d'adultes vivant dans les États pro-Hillary.
Une détérioration exacerbée par l’écart final
Les chercheurs se sont également appuyés sur deux enquêtes, réalisées avant et après les élections de novembre 2016, qui ont révélé qu'environ 50% des Américains ont déclaré que les élections sont une source importante de stress. Ils se sont notamment basés sur le Behavioral Risk Factor Surveillance System, une enquête annuelle conjointe des États et du gouvernement fédéral auprès des ménages regroupant de 499 201 adultes, pour étudier les effets de l’élection.Les répondants des 20 États pro-Hillary ont déclaré qu'au cours des 30 jours avant et après scrutin, ils ont connu “du stress, de la dépression et des problèmes” en moyenne 3,35 jours en octobre 2016 contre 3,85 jours en décembre 2016. Les chercheurs ont également noté une augmentation de 2 points de pourcentage du nombre de répondants dans les États pro-Clinton qui ont déclaré 14 jours ou plus dans un mois de mauvaise santé mentale, un marqueur de trouble dépressif majeur. Aucune augmentation de ce type n'a été trouvée dans les États pro-Trump. Pour ses électeurs, une mauvaise santé mentale est survenue en moyenne 3,94 jours et 3,78 jours le mois avant et le mois après l’élection. “Une différence statistiquement inchangée”, ont décrit les auteurs.
Les chercheurs ont remarqué que la nature surprenante de la défaite d’Hillary Clinton selon ses électeurs ainsi que l’écart du résultat avec Donald Trump ont accentué les effets délétères sur la santé mentale des électeurs. “Il est possible que la détérioration de la santé mentale dans les États de Clinton ait été exacerbée par la nature largement inattendue de la perte - du moins selon les sondages pré-électoraux”, a observé Brandon Yan, auteur de l’étude. Par ailleurs, les chercheurs ont observé qu’un score de 10 points de pourcentage supérieur pour Hillary Clinton dans les États qui ont majoritairement voté pour elle prédit 0,41 jour de plus de mauvaise santé mentale après sa défaite.
La crainte que la situation empire cette année
Les effets néfastes sur la santé mentale des électeurs se sont poursuivis dans les mois suivants les élections. En avril 2017, le nombre d’habitants dans les États pro-Hillary qui ont déclaré souffrir de dépression a augmenté de 3,2 points par rapport à octobre 2016, un mois avant le scrutin présidentiel.Les auteurs craignent que la prochaine élection contribue à aggraver les risques de stress et de dépression. “La situation est aggravée par la pandémie, estime Renee Y. Hsia. Les approches habituelles du dépistage de la dépression et des soins de santé mentale peuvent ne pas atteindre les patients qui ne consultent pas leur médecin. La pandémie, ainsi que le ralentissement économique, entraînent davantage d'isolement et de solitude. Les Américains s'inquiètent de la propagation de la maladie, et ils ont accru leurs craintes quant à la sécurité de l'emploi, en gardant un toit au-dessus de leurs têtes et en veillant à ce que leurs enfants continuent à l’école.”