La musique n’adoucit pas uniquement les moeurs, elle fait aussi du bien à notre cerveau. Des neuroscientifiques de l’université de Bourgogne Franche-Comté, située à Besançon, ont découvert que les passages musicaux que nous aimons le plus sont capables de nous faire frissonner, en libérant de la dopamine dans notre cerveau.Les résultats de leur étude ont été publiés le 3 novembre 2020 dans la revue Frontiers in Neuroscience.
A la recherche de la gratification
Pour cette expérience, les chercheurs ont recruté 18 volontaires mélomanes. Toutes ces personnes assurent ressentir du plaisir en écoutant de la musique. Assis dans un fauteuil et les yeux fermés, les participants ont écouté cinq extraits musicaux qu’ils avaient eux-mêmes choisis et trois autres sélectionnés par les expérimentateurs. Au préalable, les participants avaient précisé quels étaient les moments qui créaient ces fameux frissons.
Chaque extrait était coupé par une pause de 30 secondes sans musique, et les participants étaient munis d’une télécommande pour indiquer les émotions que cela suscitait chez eux. A l’aide d’un électroencéphalogramme, l’équipe a pu analyser le comportement de leur cerveau.
“Les participants à notre étude ont pu indiquer avec précision les moments ‘frissonnants’ dans les chansons, mais la plupart des frissons musicaux se sont produits dans de nombreuses parties des extraits, et pas uniquement dans les moments prévus”, indique Thibault Chabin, doctorant au laboratoire de neuroscience de l’université Bougogne Franche-Comté.
Un shoot de dopamine
Lorsque les frissons musicaux arrivent, des signaux électriques à basse fréquence appelés “activité thêta” augmentent ou diminuent dans les régions du cerveau qui sont chargées du traitement musical. Pour autant, la plupart des participants assurent avoir eu du mal à distinguer les moments de plaisir faibles.
Lors des périodes de frissons, l’activité électrique s’est emballée dans le cortex orbitofrontal (la section qui traite les émotions), l’aire motrice supplémentaire (qui contrôle les mouvements) et le lobe temporal droit (qui gère le traitement auditif et l’appréciation musicale). Ensemble, ces régions traitent la musique, déclenchent le système de récompense du cerveau et libèrent de la dopamine, l’hormone du plaisir. Combiné à l’anticipation de l’écoute de votre passage préféré dans un morceau, cela produit le fameux frisson.
“Le plus intrigant est que la musique semble n'avoir aucun avantage biologique pour nous. Cependant, l'implication de la dopamine et du système de récompense dans le traitement du plaisir musical suggère une fonction ancestrale pour la musique, observe Thibault Chabin. Le plaisir musical est un phénomène très intéressant qui mérite d'être étudié plus avant, afin de comprendre pourquoi la musique est gratifiante et de découvrir aussi pourquoi elle est essentielle dans la vie des êtres humains.”