- En cas de fracture de l'humérus après une chute de sa hauteur, il faut suspecter une fragilité osseuse
- La fracture de l'humérus multiplie par trois à quatre le risque de se casser le col du fémur dans les années suivantes
- Il faut généralement attendre un an pour que le traitement médicamenteux de l'ostéoporose soit efficace
Maladie osseuse souvent qualifiée de "silencieuse", l'ostéoporose se manifeste généralement chez certaines personnes âgées de plus de 50 ans, en particulier les femmes. Toutefois, elle est rarement détectée à temps ; par exemple, si une femme de 65 ans glisse et se casse l'épaule – aussi appelée l'humérus – la piste de l'ostéoporose ne sera pas systématiquement explorée. "Ce n’est pas normal de se casser de sa hauteur : il faut suspecter une fragilité osseuse", alerte auprès de Pourquoi docteur la professeure Karine Briot, rhumatologue à l'hôpital Cochin, à Paris.
La professionnelle de santé est catégorique : normalement, l’os de l’humérus est résistant à un traumatisme équivalent à une chute de sa hauteur. Ainsi, en cas de fracture de l’épaule alors que l’on est tombé en marchant ou en glissant, il convient de consulter son médecin, d’évoquer l’ostéoporose, et de demander à passer une ostéodensitométrie. "C’est un examen qui mesure la résistance osseuse, la qualité et la quantité d'os, reprend l'experte. Cela permettra de dire s’il y a une fragilité osseuse ; c’est indispensable".
Un risque de fracture augmenté à deux ans
En plus de poser le diagnostic de l'ostéoporose, la densitométrie osseuse permet de prédire le risque de nouvelles fractures, notamment du col du fémur, des vertèbres, de l’humérus et du bassin. "Le risque est augmenté à deux ans", assure la docteure Karine Briot, en précisant que la fracture de l'humérus multiplie par trois à quatre le risque de se casser le col du fémur dans les années suivantes. Concrètement, cela signifie que, si l'on veut réellement prévenir la deuxième fracture, il faut réaliser une ostéodensitométrie dans les mois, voire les semaines, qui suivent la première.
En dehors de l'ostéoporose, il est possible que l'examen révèle une ostéopénie, c'est-à-dire une déminéralisation osseuse modérée, qui peut évoluer vers l'ostéoporose si elle n'est pas corrigée. "Des os comme le col du fémur, l'humérus, une vertèbre et le bassin sont vraiment très résistants : même si la densité osseuse n'est pas très abaissée et dans les seuils de l'ostéopénie, il faut tenir compte de l'antécédant de fracture et se poser quand même la question de traiter la fragilité osseuse", explique la rhumatologue.
"Si l'examen de densité osseuse s'est bien amélioré, on peut discuter d'une pause"
Selon elle, dès qu'un patient ayant une fracture de l'humérus présente une ostéopénie, le traitement est indispensable. Actuellement, le plus utilisé en première intention est la classe des bisphosphonates. "Il faut le débuter assez rapidement car, pour modifier l'architecture osseuse, la masse osseuse, il faut un certain temps, explique la docteure Karine Briot, en précisant qu'il s'agit en général d'un an. On n'est donc pas protégé pendant les six à neuf premiers mois".
Le risque : attendre trop longtemps, puis observer une fracture alors que l'on a commencé un traitement, se dire qu'il n'est pas efficace et ne plus en vouloir. En réalité, le traitement n'avait simplement pas eu le temps de porter ses fruits. Néanmoins, si la prise en charge de l'ostéoporose s'effectue à vie, elle ne passe pas forcément tout le temps par des médicaments. Par exemple, dans le cadre d'une fracture de l'humérus, il est possible de faire un bilan après trois ans de traitement. "Si l'examen de densité osseuse s'est bien amélioré, on peut discuter d'une pause", assure la rhumatologue.
Ainsi, le suivi se poursuit, mais uniquement par le biais de consultations et examens réguliers. "Parfois, on reprend un traitement plus tard, soit parce que l'on a refait des chutes, soit parce que la masse osseuse s'est dégradée, soit parce que l'on a un nouveau facteur de risque…", conclut la docteure Karine Briot.