- Une alimentation de qualité chez les jeunes a une influence directe sur la taille qu'ils feront une fois adulte.
- Les plus grands se situent en Europe du Nord et les plus petits en Asie du Sud-Est, là où les problématiques liées à l'alimentation sont prégnantes au quotidien.
- Cela se joue également à la cantine de l'école, qui est le lieu où les enfants peuvent se restaurer convenablement.
La nutrition et les carences alimentaires ont des répercussions sur notre taille à l’âge adulte. Sans une étude parue le 7 novembre 2020 dans The Lancet, des chercheurs de l’Imperial College de Londres (Royaume-Uni) expliquent que la courbe de taille et de poids dans le monde entier est liée à l’alimentation, et que des carences peuvent amener des enfants à ne pas atteindre pleinement leur potentiel à l’âge adulte.
Pour leur étude, les chercheurs ont utilisé les données de 65 millions d’enfants âgés entre 5 et 19 ans dans 193 pays, entre 1985 et 2019. Ils ont relevé leur taille et leur poids, qui sont de bons indicateurs de la santé et de la croissance. En analysant les résultats, ils ont constaté une différence de 20cm chez les personnes âgées de 19 ans entre les pays où les jeunes sont grands et ceux où ils sont petits. A titre d’exemple, la taille moyenne d’une fille de 19 ans au Bangladesh équivaut à celle d’une de 11 ans aux Pays-Bas.
En Europe les plus grands, en Asie du Sud-Est les plus petits
Dans leur étude, les chercheurs soulignent que la malnutrition infantile, à cause d’un manque d’aliments de qualité, peut entraîner un retard de croissance et une augmentation de l’obésité infantile. Cela a ensuite des conséquences sur la santé et le bien-être de l’enfant pour le restant de ses jours.
Chez les hommes, les jeunes les plus grands au monde se situent en Europe du Nord et en Europe centrale, avec les Pays-Bas, le Monténégro (1,83m en moyenne) et l’Estonie (1,82m) sur les plus hautes marches du podium. A l’inverse, le Timor oriental (1,60m en moyenne), le Laos (1,62m) et les Iles Salomon (1,63m) ferment la marche. Les Français, avec 1,78m en moyenne, sont à la 34e position.
Chez les femmes, les Pays-Bas et le Monténégro se distinguent encore (1,70m en moyenne) suivi par le Danemark (1,69m). Le bas du classement est occupé par le Guatemala (1,50m de moyenne), le Bangladesh et le Népal (1,52m en moyenne pour les deux pays). Les Françaises, avec 1,64m en moyenne, sont en 45e position.
L’importance de l’alimentation et de la richesse du pays se voit au travers des chiffres sur le long terme. Ainsi, dans un pays comme la Chine, la taille actuelle des garçons de 19 ans a augmenté de 8cm depuis 1985, à l’époque où le pays était encore une économie émergente. A contrario, la taille des garçons dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne a stagné voire baissé au cours des dernières décennies, à cause des difficultés à trouver une nourriture de qualité.
Les repas délivrés à la cantine, indispensable dans certains pays
Si la taille des jeunes a évolué, leur tour de taille n’est pas en reste. La différence entre l’IMC des jeunes les plus lourds et les plus légers est de 25kg en moyenne. Cet accroissement du poids est particulièrement marqué dans les îles du Pacifique, au Moyen-Orient et aux Etats-Unis. De plus, dans les pays où la nourriture de qualité ne se trouve pas en abondance, les enfants n’ont pas assez grandi et ont pris trop de poids par rapport à la courbe de croissance définie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Pour Majid Ezzati, auteur principal de l’étude et professeur de santé publique à l’Imperial College de Londres, ce retard de croissance s’explique notamment par l’accès à l’école, et les repas fournis par la cantine. “Dans certains pays, les enfants grandissent sainement jusqu'à l'âge de cinq ans, mais prennent du retard pendant les années scolaires. Cela montre qu'il existe un déséquilibre entre les investissements visant à améliorer la nutrition des enfants d'âge préscolaire et ceux visant les enfants et les adolescents d'âge scolaire. Cette question est particulièrement importante pendant la pandémie COVID-19, lorsque les écoles sont fermées dans le monde entier et que de nombreuses familles pauvres ne sont pas en mesure de fournir une alimentation adéquate à leurs enfants.”
Son collègue et coauteur de l’étude, Andre Rodriguez Martinez, va plus loin dans son analyse: “Nos conclusions devraient motiver des politiques qui augmentent la disponibilité et réduisent le coût des aliments nutritifs, car cela aidera les enfants à grandir sans prendre un poids excessif par rapport à leur taille. Ces initiatives comprennent des bons d'alimentation pour des aliments nutritifs destinés aux familles à faibles revenus, et des programmes de repas scolaires sains et gratuits qui sont particulièrement menacés pendant la pandémie. Ces actions permettraient aux enfants de grandir sans prendre de poids excessif, avec des avantages pour leur santé et leur bien-être tout au long de leur vie.”