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Mutation tumorale

Cancer de la prostate : des risques de faux positifs avec la biopsie liquide

Par Mégane Fleury

Vigilance dans la détection des mutations tumorales dans le cancer de la prostate par une biopsie liquide : dans un essai réalisé sur 69 hommes, la moitié était des faux positifs . 

Totojang/istock
La biopsie liquide peut permettre de détecter un cancer à travers une simple prise de sang
Cette méthode peut entraîner une confusion entre une mutation présente dans une maladie du sang et une mutation tumorale dans le cancer de la prostate
Cette confusion peut aboutir à la prescription de traitements inutiles

La biopsie liquide transforme le diagnostic du cancer : grâce à une simple prise de sang, des scientifiques peuvent détecter la présence d’une tumeur. Cette méthode leur permet aussi d’analyser l’évolution d’un cancer chez un patient pris en charge. Une étude de l’université de Washington appelle toutefois à la vigilance : ces examens peuvent créer des faux positifs, c'est-à-dire que le test va indiquer la présence d'une mutation génétique de la tumeur, alors qu'il n'y en a pas. Dans une étude réalisée auprès d’hommes atteints d’un cancer de la prostate, des chercheurs ont constaté que la moitié des patients étaient des faux positifs. Cette recherche de l’université de Washington a été publiée dans JAMA Oncology. 

Des mutations génétiques proches 

La biopsie liquide consiste à analyser le sang pour détecter un cancer ou repérer ses évolutions. "Vous pouvez évaluer la tumeur d’un patient en une prise de sang", résume Colin Pritchard, professer associé au sein de l’école de médecine de l’université de Washington. Les mutations génétiques sont détectables grâce à l’ADN de la tumeur présent dans le sang. Chez des patients déjà pris en charge pour un cancer, cet examen permet d’adapter les traitements, en fonction des évolutions de la tumeur. Dans certains cas, des mutations génétiques présentes dans le sang peuvent induire les chercheurs en erreur : elles n’ont aucun lien avec la tumeur mais leur ADN est semblable. Les mutations des gènes BRCA1, BRCA2 et ATM sont liées au cancer, mais aussi à l’hématopoïèse clonale, une pathologie du sang. 

Une moitié de faux positifs 

Dans une recherche réalisée auprès de 69 hommes, les scientifiques américains ont voulu comprendre dans quelle mesure cette pathologie pouvait être confondue avec une mutation d’une tumeur de la prostate. Sur l’ensemble des biopsies sanguines réalisées, presque la moitié des mutations génétiques observées étaient liées à l’hématopoïèse clonale. Plus les patients étaient âgés, plus la présence de ces variations était fréquente. Ces faux positifs inquiètent les chercheurs, car depuis le printemps, deux médicaments sont autorisés dans le traitement du cancer de la prostate aux États-Unis. Si la biopsie est positive, ils font partie des thérapies possibles. Pour des faux positifs, il s’agirait d’un traitement inutile et inefficace. 

Un double contrôle nécessaire

Pour l’équipe de recherche, il est nécessaire qu’il y ait un double contrôle en cas de biopsie sanguine, pour vérifier qu’il ne s’agit pas d’une hématopoïèse clonale. "La bonne nouvelle, c’est qu’en regardant comment les cellules sanguines sont compartimentées, vous pouvez déterminer s’il s’agit d’un cancer ou d’une hémotopoïèse avec un certain degré de certitude", conclut Colin Pritchard.