Une association de patients veut contraindre le ministre de la Santé à s'expliquer sur l'origine du SARS-CoV-2
L'avocat de cette association s'interroge sur l'activité de l'Institut de Virologie de Wuhan, en Chine
Le 20 octobre, un virologue du CNRS a refusé d'écarter la thèse de l'accident de laboratoire comme possible origine du nouveau coronavirus
Il a déjà provoqué la mort d'au moins 1,2 millions de personnes, il bouleverse la vie quotidienne dans le monde entier, il bouscule les systèmes de santé de tous les pays, il nargue les médecins en multipliant les symptômes des patients contaminés et il tient jusqu'ici en échec les scientifiques qui tentent de le vaincre à travers un traitement ou un vaccin. Mais on ne sait toujours pas, aujourd'hui, d'où sort le SARS-CoV-2, le coronavirus à l'origine de l'épidémie de la Covid 19.
Face à ce mystère et à toutes les interrogations qu'il fait naître, une association de patients, l'Union Nationale des Associations Citoyennes de Santé (UNACS), a saisi le 5 novembre le Conseil d'Etat pour contraindre le ministre de la Santé, Olivier Véran, à s'expliquer sur l'origine du SARS-CoV-2. "Il doit demander la vérité à ses partenaires chinois -le pays depuis lequel s'est propagée l'épidémie, NDLR- et nous répondre", clame l'association reprise par le site France-Info.
Derrière cette procédure, c'est l'hypothèse, jusque-là écartée à la quasi-unanimité par la communauté scientifique, de l'origine "humaine" du coronavirus qui aurait pu sortir accidentellement d'un laboratoire qui revient sur le devant de la scène.
Celle-ci avait déjà été avancée en avril 2020 par le prix Nobel de Médecine 2008, le professeur Luc Montagnier. Selon lui, non seulement le SARS-CoV-2 serait sorti accidentellement d'un laboratoire chinois mais en plus l'analyse de son génome révèlerait la présence de séquences issues du ... VIH, le redoutable virus du SIDA. Le professeur Montagnier s'était exprimé dans ce sens dans plusieurs médias, dont Pourquoi Docteur où nous avions accompagné son interview de précisions sur notre incapacité à vérifier scientifiquement ses allégations et en rappelant que certaines de ses prises de position, notamment sur les vaccins, étaient légitimement controversées.
"Les Français ne savent pas ce qu'est ce virus, d'où il vient et comment il fonctionne. Tout cela nourrit le complotisme et le silence du ministre n'est pas bon dans un état d'esprit comme celui-là, c'est un silence que je considère comme citoyen comme indadmissible", souligne d'ailleurs l'avocat de l'association qui vient de saisir le Conseil d'Etat et qui, mine de rien, pointe du doigt dans ses déclarations l'éventuelle responsabilité ... d'un laboratoire chinois : à propos de l'Institut de Virologie de Wuhan à la création duquel la France a participé en 2004, Me Emmanuel Ludot demande "que l'on nous dise de quelle manière ce laboratoire est exploité". "Les Chinois avaient l'obligation de renseigner régulièrement la France de l'évolution de leurs recherches et de déposer un rapport annuel devant l'IOM%S, ils ne l'ont jamais fait !", assure le plaideur.
Et que dit le scientifique des éléments dont on dispose aujourd'hui sur l'origine de ce coronavirus qui, depuis les derniers mois de l'année 2019, s'est propagé dans le monde entier à partir de la ville chinoise de Wuhan ? Il rappelle ce qui a été établi :
- La séquence du génome du SARS-CoV-2 est à 96% identique à celle d'un coronavirus collecté sur une chauve-souris en 2013;
- Le nouveau coronavirus est en revanche différent des autres coronavirus humains (SARS-CoV-1 et MERS) avec lesquels il ne partage que 79% de son génome;
- Aucune épidémie humaine n'est due à une transmission directe de virus par une chauve-souris, il y a donc forcément un "hôte intermédiaire";
- Le pangolin, un temps présenté comme responsable de la transmission à l'homme, évolue, selon Etienne Decroly, "dans un éco-système trop différent de celui de la chauve-souris pour permettre une recombinaison du virus" et par ailleurs les virus prélevés sur des pangolins différent trop du SARS-CoV-2 pour expliquer que la barrière d'espèces ait pu être franchie.
Premier scénario : il s'agirait bien d'une zoonose, c'est à dire d'un virus venu d'une espèce animale. Mais on devrait dans ce cas, à en croire Etienne Decroly " avoir un virus plus proche de ceux retrouvés chez la chauve-souris ou chez le pangolin".
Deuxième scénario : ce nouveau coronavirus se serait adapté à l'humain depuis longtemps, peut-être plusieurs années- et aurait "circulé à bas bruit jusqu'à ce qu'une mutation récente le rende plus transmissible". Ce qui aurait déclenché l'épidémie. Mais pour le virologue, il faudrait, pour valider ce scénario, "analyser les échantillons viraux de personnes décédées de pneumonies dans la zone d'émergence avant la pandémie".
Troisième scénario : le SARS-CoV-2 descendrait bien d'un virus animal (notamment un virus présent chez la chauve-souris) mais qui "se serait adapté à d'autres espèces au cours d'études sur des modèles en laboratoire" et qui s'en serait échappé accidentellement.
Des propos d'autant plus inquiétants qu'ils complètent une autre information délivrée par le virologue du CNRS dans son interview : "Dans certains laboratoires, la manipulation du génome de virus potentiellement dangereux est une pratique courante pour étudier les mécanismes de franchissement de la barrière d'espèces".
Et c'est bien ce processus du franchissement de la barrière d'espèces dont on ignore toujours où et comment il s'est déroulé pour le nouveau coronavirus. Un "chaînon manquant" qui, tant qu'il n'aura pas été démasqué, laissera la porte ouverte à toutes les thèses scientifiques possibles. Comme aux théories issues des imaginations les plus débridées.
Face à ce mystère et à toutes les interrogations qu'il fait naître, une association de patients, l'Union Nationale des Associations Citoyennes de Santé (UNACS), a saisi le 5 novembre le Conseil d'Etat pour contraindre le ministre de la Santé, Olivier Véran, à s'expliquer sur l'origine du SARS-CoV-2. "Il doit demander la vérité à ses partenaires chinois -le pays depuis lequel s'est propagée l'épidémie, NDLR- et nous répondre", clame l'association reprise par le site France-Info.
Derrière cette procédure, c'est l'hypothèse, jusque-là écartée à la quasi-unanimité par la communauté scientifique, de l'origine "humaine" du coronavirus qui aurait pu sortir accidentellement d'un laboratoire qui revient sur le devant de la scène.
Celle-ci avait déjà été avancée en avril 2020 par le prix Nobel de Médecine 2008, le professeur Luc Montagnier. Selon lui, non seulement le SARS-CoV-2 serait sorti accidentellement d'un laboratoire chinois mais en plus l'analyse de son génome révèlerait la présence de séquences issues du ... VIH, le redoutable virus du SIDA. Le professeur Montagnier s'était exprimé dans ce sens dans plusieurs médias, dont Pourquoi Docteur où nous avions accompagné son interview de précisions sur notre incapacité à vérifier scientifiquement ses allégations et en rappelant que certaines de ses prises de position, notamment sur les vaccins, étaient légitimement controversées.
"Les Français ne savent pas ce qu'est ce virus, d'où il vient et comment il fonctionne. Tout cela nourrit le complotisme et le silence du ministre n'est pas bon dans un état d'esprit comme celui-là, c'est un silence que je considère comme citoyen comme indadmissible", souligne d'ailleurs l'avocat de l'association qui vient de saisir le Conseil d'Etat et qui, mine de rien, pointe du doigt dans ses déclarations l'éventuelle responsabilité ... d'un laboratoire chinois : à propos de l'Institut de Virologie de Wuhan à la création duquel la France a participé en 2004, Me Emmanuel Ludot demande "que l'on nous dise de quelle manière ce laboratoire est exploité". "Les Chinois avaient l'obligation de renseigner régulièrement la France de l'évolution de leurs recherches et de déposer un rapport annuel devant l'IOM%S, ils ne l'ont jamais fait !", assure le plaideur.
Une action qui relance les interrogations
Cette action pour éclaircir les origines du virus responsable de la Covid-19 arrive quelques jours après la publication le 20 octobre 2020 dans le journal du CNRS d'une interview qui, elle aussi, relance les interrogations en refusant d'en écarter aucune. "Tant qu'un virus intermédiaire n'aura pas été identifié et son génome séquencé, la question de l'origine du SARS-CoV-2 ne sera pas résolue", affirme dans cet entretien Etienne Decroly, virologue, directeur de recherche au CNRS et membre de la Société Française de Virologie.Et que dit le scientifique des éléments dont on dispose aujourd'hui sur l'origine de ce coronavirus qui, depuis les derniers mois de l'année 2019, s'est propagé dans le monde entier à partir de la ville chinoise de Wuhan ? Il rappelle ce qui a été établi :
- La séquence du génome du SARS-CoV-2 est à 96% identique à celle d'un coronavirus collecté sur une chauve-souris en 2013;
- Le nouveau coronavirus est en revanche différent des autres coronavirus humains (SARS-CoV-1 et MERS) avec lesquels il ne partage que 79% de son génome;
- Aucune épidémie humaine n'est due à une transmission directe de virus par une chauve-souris, il y a donc forcément un "hôte intermédiaire";
- Le pangolin, un temps présenté comme responsable de la transmission à l'homme, évolue, selon Etienne Decroly, "dans un éco-système trop différent de celui de la chauve-souris pour permettre une recombinaison du virus" et par ailleurs les virus prélevés sur des pangolins différent trop du SARS-CoV-2 pour expliquer que la barrière d'espèces ait pu être franchie.
Trois scénarii possibles
Exit donc, pour le virologue du CNRS, la piste du pangolin comme "hôte intermédiaire". Cela validerait-il pour autant celle de l'accident de laboratoire ? Pas forcément, selon Etienne Decroly qui souligne toutefois qu'"on ne peut écarter cette hypothèse". Pourquoi ? Le virologue du CNRS décrit trois scénarii possibles de la transmission du nouveau coronavirus à l'homme.Premier scénario : il s'agirait bien d'une zoonose, c'est à dire d'un virus venu d'une espèce animale. Mais on devrait dans ce cas, à en croire Etienne Decroly " avoir un virus plus proche de ceux retrouvés chez la chauve-souris ou chez le pangolin".
Deuxième scénario : ce nouveau coronavirus se serait adapté à l'humain depuis longtemps, peut-être plusieurs années- et aurait "circulé à bas bruit jusqu'à ce qu'une mutation récente le rende plus transmissible". Ce qui aurait déclenché l'épidémie. Mais pour le virologue, il faudrait, pour valider ce scénario, "analyser les échantillons viraux de personnes décédées de pneumonies dans la zone d'émergence avant la pandémie".
Troisième scénario : le SARS-CoV-2 descendrait bien d'un virus animal (notamment un virus présent chez la chauve-souris) mais qui "se serait adapté à d'autres espèces au cours d'études sur des modèles en laboratoire" et qui s'en serait échappé accidentellement.
"Etudier l'origine du SARS-CoV-2 est une démarche scientifique"
Voilà donc la thèse de l'accident de laboratoire relancée ! Interrogé sur les relents "complotistes" d'une telle affirmation, Etienne Decroly s'en défend : "Etudier l'origine du SARS-CoV-2 est une démarche scientifique qui ne peut être assimilée à une thèse complotiste", affirme-t-il en soulignant par ailleurs qu' "aujourd'hui, obtenir une séquence génétique est à la portée de n'importe quel laboratoire" et que "l'on peut en moins d'un mois construire de toutes pièces un virus fonctionnel à partir de séquences disponibles dans les bases de données".Des propos d'autant plus inquiétants qu'ils complètent une autre information délivrée par le virologue du CNRS dans son interview : "Dans certains laboratoires, la manipulation du génome de virus potentiellement dangereux est une pratique courante pour étudier les mécanismes de franchissement de la barrière d'espèces".
Et c'est bien ce processus du franchissement de la barrière d'espèces dont on ignore toujours où et comment il s'est déroulé pour le nouveau coronavirus. Un "chaînon manquant" qui, tant qu'il n'aura pas été démasqué, laissera la porte ouverte à toutes les thèses scientifiques possibles. Comme aux théories issues des imaginations les plus débridées.