- Le système immunitaire des enfants supporte mieux le coronavirus que les adultes.
- Chez eux, la présence d'anticorps contre la Covid-19 est moins élevée que chez les adultes, alors que ce sont eux qui s'en sortent le mieux.
- La répondre viendrait, selon les chercheurs, des protéines qui ne sont pas produites en nombre suffisant chez les enfants, ce qui empêche au coronavirus de devenir vraiment dangereux pour eux.
Les enfants sont moins sensibles à la Covid-19, c’est un fait. Grâce a leur jeune âge, et parce que leur corps est au pic de son immunité, les virus ont moins d’effets dévastateurs sur eux. Des chercheurs de l’université de Columbia (Etats-Unis) ont réussi à identifier pourquoi la réponse immunitaire de leur corps est meilleure dans la Covid-19 que celle des adultes. Les résultats de leur étude ont été publiés dans la revue Nature immunology le 5 novembre 2020.
L’un des constats les plus frappants de la pandémie de Covid-19 vient de l’âge des personnes infectées. Si les plus de 65 ans sont les plus à risque, les autres couches de la population peuvent aussi subir des formes graves de cette maladie, surtout si des risques comme l’obésité viennent peser dans la balance. Étonnamment, les enfants, eux, s’en tirent assez bien face au coronavirus.
Moins d’anticorps, signe d’une maladie rapidement traitée
“Chez les enfants, le parcours infectieux est beaucoup plus court et probablement moins disséminé que chez les adultes, relève Matteo Porotto, professeur de pathogenèse moléculaire à l’université de Columbia. Les enfants peuvent éliminer ce virus plus efficacement que les adultes et ils n'ont peut-être pas besoin d'une forte réponse immunitaire à base d'anticorps pour s'en débarrasser.”
Pour comprendre ce mécanisme, les chercheurs ont recruté 47 enfants et 32 adultes. Parmi les enfants, 16 ont été soignés centre médical de l’université de Columbia pour un syndrome inflammatoire multisystémique (MIS-C), une pathologie similaire dans ses manifestations à la maladie de Kawasaki. Les 31 autres enfants ont été testés positifs à la Covid-19 après une visite au centre médical; chez ces enfants, il n’a été découvert aucune trace de MIS-C.
Concernant les adultes, ils étaient tous atteints par la Covid-19, mais possédaient des niveaux de gravité différents. Certains d’entre eux ont dû être admis à l’hôpital tandis que d’autres ont pu se rétablir chez eux.
Les deux groupes d’enfants, bien qu’atteints par des maladies différentes, ont pourtant produit le même profil d’anticorps. Chez eux, les anticorps possédaient une activité neutralisante moindre que ceux des adultes. Toutefois, ce sont les adultes touchés par la forme grave de la Covid-19 qui ont développé le plus d’anticorps neutralisant.
Si les patients les plus malades produisent le plus d’anticorps neutralisant, selon Donna Farber, immunologie et titulaire de la chaire de sciences chirurgicale à l’université de Columbia, cela reflète bien le temps durant lequel le virus reste dans le corps du malade.
Une emprise moindre sur les cellules des enfants
“Il y a un lien entre l'ampleur de votre réponse immunitaire et l'ampleur de l'infection : plus l'infection est grave, plus la réponse immunitaire est robuste, car vous devez avoir plus de cellules et de réactions immunitaires pour éliminer une dose plus élevée d'un agent pathogène. Les enfants sont particulièrement adaptés pour voir les agents pathogènes pour la première fois. C'est pour quoi leur système immunitaire est conçu. Les enfants ont beaucoup de cellules T naïves qui sont capables de reconnaître toutes sortes de nouveaux pathogènes, alors que les personnes âgées dépendent davantage de leur mémoire immunologique. Nous ne sommes pas aussi capables de réagir à un nouvel agent pathogène que les enfants.”
Contrairement aux adultes, les enfants ont produit moins d’anticorps chargé de s’attaquer à la protéine virale de la Covid-19. Cela signifie que l’infection ne se propage pas chez eux et qu’elle ne tue pas beaucoup de cellules. Cette réaction met également en lumière le fait que l’infection se déroule chez eux sur une période plus courte que chez les adultes. Enfin, il est possible que le virus soit moins capable d’infecter les cellules des enfants parce qu’elles expriment moins les protéines dont la Covid-19 a besoin pour infecter les cellules humaines.
“Les études actuelles dans d'autres pays indiquent que les jeunes enfants d'âge scolaire ne sont pas des vecteurs du nouveau coronavirus, nos données sont donc conformes à ces conclusions”, conclut Donna Farber.