Parue dans JAMA Pediatrics, l’étude a été réalisée auprès de 7 843 jeunes jeunes adultes âgés de 14 à 29 ans, interrogés à trois reprises entre 2013 et 2018. Réalisée par des chercheurs de la Boston University School of Public Health (BUSPH), la recherche brosse un tableau complet en analysant les orientations sexuelles gays, lesbiennes et bisexuelles séparément, afin de déterminer les risques de tabagisme, qui seraient plus élevés que chez les individus hétérosexuels, comme la littérature scientifique l’a démontrée.
Pour cette étude, les chercheurs ont utilisé les données issues des quatre premières phases de l'enquête nationale Population Assessment of Tobacco and Health (PATH). Les chercheurs ont ajusté d'autres variables, notamment le sexe, l'âge, l'origine ethnique, le niveau d'éducation des participants ou des parents et le lieu de résidence des participants.
D'après les résultats obtenus, la bisexualité serait l’orientation sexuelle la plus associée au tabagisme, en particulier au moment du coming-out. Les personnes bisexuelles seraient par ailleurs deux fois plus susceptibles de commencer à fumer que les participants hétérosexuels réguliers. Le fait de se déclarer lesbienne ou gay n'était pas associé à une plus grande probabilité de fumer, notent les auteurs de l'étude.
Accentuer la recherche sur l'orientation sexuelle est primordial
Globalement, les chercheurs affirment que l'approche unique de l'étude sur les identités LGB+ - séparées et échelonnées dans le temps - pourrait fournir des indications précieuses pour d'autres questions qui touchent la communauté de manière disproportionnée, notamment les problèmes de santé mentale et la consommation de substances addictives. “L'étude PATH est unique car elle interroge les jeunes sur leur orientation sexuelle et leur identité de genre. La plupart des enquêtes nationales ne le font pas”, souligne Dielle Lundberg, co-auteure de l'étude.
“Cette approche s'avère très importante, car elle révèle des disparités qui auraient autrement été omises si nous avions mesuré l'identité à un moment donné ou regroupé toutes les identités LGBT+”, renchérit Alyssa Harlow, auteure principal de l'étude et doctorante à la BUSPH, qui insiste sur la nécessité d'interventions de santé publique spécifiquement conçues pour répondre aux besoins, aux expériences et aux facteurs de stress uniques associés au fait de s'identifier comme bisexuel.
“Nous devons plaider pour de meilleures données. Chaque fois que les enquêtes nationales ne posent pas de questions sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre, elles contribuent directement aux inégalités en matière de santé pour les populations LGBTQ+”, appuie cette dernière.