- Le vaccin utilise une version modifiée du virus de l'herpès, alors incapable de se réfugier dans le système nerveux.
- Les souris vaccinées et infectées par une souche virulente du HSV-2 sexuellement transmis, présentaient moins de lésions génitales, moins de réplication virale et moins d'excrétion virale.
Causé par l'Herpès Simplex Virus (HSV), l’herpès est une maladie infectieuse courante qui peut toucher différentes parties du corps, à commencer par les lèvres et les parties génitales et, dans les cas les plus sévères, les yeux. En France, on estime que 10 millions de personnes sont atteintes d'herpès labial, 2 millions d'herpès génital, et 60 000 d'herpès oculaire.
S’il est possible de contrôler les effets de l’herpès, notamment grâce aux crèmes antivirales, notre organisme ne se débarrasse jamais du virus. Ce dernier alterne les phases de sommeil dans les cellules nerveuses et les poussées, généralement causées par le stress, au cours desquelles il est particulièrement virulent. Et, malgré la prévalence du HSV, plus de quatre décennies de recherche n’ont pas encore abouti à un vaccin contre l’herpès.
Une nouvelle étude menée par des de l’université du Nebraska-Lincoln (États-Unis) et publiée dans la revue Vaccine relance ces jours-ci l’espoir d’un vaccin contre l’Herpès Simplex Virus.
Contrer les difficultés immunitaires
Les chercheurs à l’origine de ce nouveau candidat vaccin ont passé des années à étudier comment empêcher le HSV d'atteindre le système nerveux. Ils ont découvert qu’une certaine protéine du HSV, appelée pUL37, se déplace le long de fibres nerveuses pour l’aider à infiltrer les fibres nerveuses et le noyau sensoriel. Des analyses informatiques basées sur cette architecture ont suggéré que trois régions de la protéine pourraient s'avérer importantes pour le processus.
Pour empêcher le virus d’envahir le système nerveux, les chercheurs ont donc prélevé et remplacé cinq codons, c’est-à-dire l'information codante fondamentale de l'ADN, dans le génome viral de chaque région. Ils ont ensuite injecté ce virus modifié à des souris. Ils ont alors constaté que, plutôt que d’avancer profondément dans le système nerveux, le virus a été bloqué au niveau de la terminaison nerveuse.
Mais, si le virus n’a pu se réfugier dans le système nerveux, cette modification génétique du HSV a aussi eu des conséquences sur la réponse immunitaire. "Lorsque vous faites tomber le virus au point qu'il ne se réplique pas bien, vous n'êtes pas récompensé par une réponse immunitaire robuste qui peut vous protéger contre de futures expositions", explique Gary Pickard, co-auteur des travaux.
Moins de réplication et moins d’excrétion virale
Il semble toutefois possible de contourner cet écueil : en injectant le virus modifié dans la région 2, ou R2, de la protéine pUL37. En testant cette alternative chez des souris, les chercheurs ont constaté que la forme modifiée R2 du HSV-1 montrait des résultats encourageants. Ils n’étaient en revanche pas certains qu’un vaccin contre le HSV-1 serait à la hauteur pour générer une immunité contre le HSV-2.
Seul un des douze cobayes vaccinés avec le R2 a développé des lésions aiguës après avoir reçu l'injection de HSV-2. Et contrairement aux cobayes qui n'ont reçu aucun vaccin ou un autre candidat vaccin, ceux qui ont reçu le vaccin R2 n'ont montré aucun signe de HSV-2 dans le groupe de cellules cérébrales qui l'abritent normalement. Les anticorps neutralisants, quant à eux, ont été enregistrés environ trois fois plus souvent chez les cobayes vaccinés avec le vaccin R2 que chez ceux vaccinés avec l'autre vaccin candidat.
"Le fait que l'excrétion virale ait été aussi réduite avec le vaccin R2 est vraiment important, car c'est l'excrétion virale - même si elle ne cause pas de lésions - qui peut ensuite transmettre le virus, affirme le Pr Pickard. Si vous avez l'herpès génital, vous pouvez le transmettre à vos proches, sans savoir que vous en êtes atteint. C'est très problématique. Donc le fait que l'excrétion ait été si importante est un très bon signe."
En attendant des essais cliniques sur les humains, les chercheurs travaillent désormais sur des vaccins pour le bétail, notamment les bovins et les porcs, sensible aux HSV.