"Sur le plan de l’alimentation, la période comprise entre la naissance de l’enfant et ses 36 mois est une étape de transition très importante", expliquent en préambule les experts du HSCP, qui publient de nouvelles recommandations officielles sur la nutrition des tout-petits. Elle peut être décomposée en 3 phases : de la naissance à 4 mois, de 4 à 12 mois et de 12 à 36 mois.
De la naissance à 4 mois : seulement du lait
Tous les experts s’accordent sur l’importance de ne donner que du lait pendant les 4 premiers mois de l’enfant, que ce soit via : l’allaitement maternel exclusif (de préférence au sein), l’allaitement dit « mixte » (qui alterne le lait de la mère et des biberons de lait spécial nourrisson vendu dans les commerces), ou uniquement un lait issu de préparations pour nourrisson.
De 4 à 12 mois : diversifier au maximum les aliments
Afin de réduire le risque d’obésité, d’infections, de maladie coeliaque et d’allergies alimentaires, il est préférable, pour les enfants nés à terme, de débuter la diversification alimentaire après l'âge de 4 mois et avant 6 mois.
Les types d’aliments à introduire sont : les produits laitiers, fruits, légumes, pommes de terre, produits céréaliers, légumes secs, viandes, poissons, oeufs cuits, et aussi, comment le soulignent les scientifiques : "les matières grasses, qui sont le plus souvent peu consommées chez l’enfant de moins de 3 ans, alors qu’elles sont indispensables."
Une fois que la diversification a commencé, il est recommandé d’introduire sans tarder les allergènes alimentaires majeurs tels que les produits laitiers, l’oeuf et l’arachide, que l’enfant soit à risque d’allergie (du fait de son histoire familiale) ou non.
Les groupes alimentaires peuvent être introduits de façon concomitante (pas d’ordre ou de rythme particulier recommandé) en proposant quotidiennement des aliments différents et en tenant compte de la saisonnalité des aliments.
Les aliments proposés lors de la diversification alimentaire peuvent être faits maison ou achetés dans le commerce, "mais les aliments fait maison sont à privilégier : ils peuvent offrir l’opportunité d’une plus grande variété de textures et flaveurs tout en correspondant aux habitudes socioculturelles familiales, et ils permettent en outre de contrôler les ingrédients utilisés", précise le HCSP.
Enfin, il est important d’accompagner l’enfant vers une alimentation avec des textures variées. La fenêtre d’introduction des aliments texturés se situe entre 8 et 10 mois (et dans tous les cas avant 12 mois) de manière à accompagner au mieux l’enfant vers une mastication normale. Ainsi, parfois dès 8 mois l’enfant peut commencer à manger des petits morceaux mous et de plus en plus durs à partir de 10 mois. Lors de cet apprentissage, il peut être utile de laisser l’enfant toucher les aliments avant de les porter à sa bouche.
Les 2e et 3e années de vie : se rapprocher en douceur de l’alimentation de la famille
Lors de cette période, l’enfant acquiert une alimentation variée, qui va se rapprocher petit à petit de celle de la table familiale, dans des quantités adaptées à son âge. Mais il a encore des besoins spécifiques et des capacités physiologiques limitées, et ne mangera pas comme les adultes avant l’âge de 3 ans.
Afin de favoriser une alimentation saine à l’âge adulte, il convient de développer chez l’enfant des habitudes alimentaires saines, parmi lesquelles une consommation limitée de produits sucrés (tels que les bonbons, les crèmes dessert, les glaces, les boissons sucrées, etc.), de fritures, de charcuteries, de sel et de produits salés (tels que les biscuits apéritifs).
A partir de l’âge de 12 mois, le rythme recommandé est : petit déjeuner, déjeuner, goûter et dîner. Ce rythme est une bonne habitude qui peut être adoptée très tôt, en évitant de donner des aliments aux enfants en dehors des repas, même s’ils ont peu mangé lors d’un repas.
Le goûter est en France très largement dominé par la consommation d’aliments transformés sucrés et/ou gras. Il est fortement recommandé de proposer à l’enfant de consommer des produits intéressants d’un point de vue nutritionnel. "Après 1 an, le goûter en milieu d’après-midi pourra être composé par exemple d’un produit céréalier et/ou fruit ou une compote ou un produit laitier", précisent les experts en santé publique. Un seul goûter est recommandé. Le double goûter – celui de la crèche ou de l’assistante maternelle et celui apporté par la personne qui vient chercher l’enfant ou au retour au domicile – est à éviter.
Les produits à proscrire de l’alimentation des enfants de moins de 3 ans
Un certain nombre d’aliments ne sont pas adaptés à l’alimentation des enfants de moins de 3 ans en raison de :
- leur petite taille, soit les petits aliments de forme cylindrique ou sphérique qui résistent à l’écrasement tels que les fruits à coque, l’arachide et les grains de raisin ne doivent pas être consommés entiers en raison du risque d’étouffement ;
- leur risque microbiologique, soit : le miel pour les nourrissons de moins d’un an ;
toutes les viandes crues ou peu cuites : il convient de cuire à coeur les viandes hachées et produits à base de viande hachée (enfants de 0 à 3 ans) ; le lait cru et les fromages au lait cru, à l’exception des fromages à pâte pressée cuite comme le gruyère ou le comté ; les oeufs crus et produits à base d’oeufs crus ou insuffisamment cuits (tels que les mousses au chocolat et mayonnaises faites maison) ; les coquillages crus et poisson cru.
- leur teneur en contaminants, soit les produits à base de chocolat.
- de la présence de certains ingrédients comme le café, le thé, les sodas caféinés et les boissons dites énergisantes, les boissons édulcorées et d’une manière générale les édulcorants.
Notez également que :
- Les produits à base de soja sont aussi à limiter, du fait de leur teneur en génistéine.
- Aucune supplémentation (vitamines, compléments alimentaires…) ne doit être donnée à un enfant en dehors d’une prescription médicale.
- Les préparations pour nourrissons ne doivent pas être substituées par des boissons végétales chez les enfants de moins d’un an, même lorsque celles-ci sont enrichies en calcium.
- La composition nutritionnelle du lait de vache et des laits d’autres mammifères (tels que la chèvre, la brebis ou la jument) est différente de celle du lait maternel et ne répond pas pour l’ensemble des nutriments aux valeurs minimales et maximales recommandées pour les tout petits. Le lait ½ écrémé (composition insuffisante en lipides) n’est pas recommandé.
"Dans tous les cas, il est recommandé d’utiliser des produits natures, sans sucres et non aromatisés", insistent les experts en santé publique.