Une nouvelle étude, parue le 10 novembre dans la revue scientifique Nature, conforte les restrictions gouvernementales de confinement. Selon celle-ci, qui s’appuie sur l’analyse des mouvements de près de 100 millions d’Américains, les restaurants, les salles de sport, les cafés, les bars et les hôtels apparaissent comme les lieux comportant le plus de risque de contamination. Cette recherche a été mené par des scientifiques de l’université de Stanford au sein de 10 grandes villes américaines entre mars et mai.
Pas tous à la même enseigne
Les chercheurs se sont appuyés sur les données de mobilité anonymisées, collectées grâce aux smartphones, pour suivre les mouvements des citoyens heure par heure. Leur objectif a été de comprendre l’évolution de l’épidémie pendant la première vague et de définir les lieux les plus à risque pour attraper le virus. Les résultats montrent que la grande majorité des infections se déroulent dans un cercle restreint de lieux. À Chicago, par exemple, 85% des contaminations ont eu lieu dans 10% des lieux fréquentés par le public. Parmi eux, les restaurants auraient causé, avec une réouverture sans restriction le 1er mai, plus de 600 000 nouvelles contaminations.
L’étude conclut que plus on reste longtemps dans des lieux surchargés, plus le risque de contamination augmente. Cette affirmation, qui semble logique, confirme pourquoi les restaurants, salles de sports ou encore cafés sont en haut de la liste des lieux à risque. À l’inverse, les pharmacies, les magasins d’informations ou les concessions automobiles, où l’on est de passage, présentent moins de risque d’attraper le virus. En outre, les chercheurs ont constaté que les contaminations sont plus importantes dans les quartiers pauvres qui ont un taux d’occupation plus important.
Limiter les capacités d’accueil
“Ces travaux sont particulièrement précis et collent avec des nombreuses études observationnelles, a réagi Vittoria Colizza, spécialiste en modélisation et directrice de recherche à l'Inserm, au Figaro. Les environnements dans lesquels il est impossible de maintenir une distanciation sociale sont ceux qui présentent le plus de risques. Ça paraît évident, mais des études comme celle-là permettent de quantifier les risques et doivent guider nos décisions pour déconfiner.”
Les chercheurs estiment également que limiter le nombre de personnes dans les lieux à risque est efficace pour lutter contre la propagation de l’épidémie. À Chicago, ils avancent qu’ouvrir les commerces avec seulement 20% de leur capacité d'accueil n'engendrerait qu'une croissance de 10% des cas, contre 39% sans limitations particulière.