Pourquoi docteur - Vous avez travaillé sur les troubles du sommeil et les risques de diabète. En quoi cette problématique est-elle intéressante ?
Véronique Kerlan - C’est une problématique très actuelle, car les Français dorment de moins en moins, c’est-à-dire autour de 7 heures maximum par nuit, alors qu’il faut faire des nuits d’à peu près 8 heures (7,7 heures exactement). Ce manque de sommeil concerne particulièrement les adolescents, notamment à cause des écrans, qui perturbent l’horloge cérébrale. Or dormir trop peu augmente le risque de développer du diabète, et de nombreuses autres maladies (hypertension, obésité…).
Par ailleurs, c’est une problématique dont il faut parler, car on expose finalement assez peu ses troubles du sommeil à son entourage ou à son médecin, sauf en cas d’insomnie vraiment grave. On ne s’interroge malheureusement pas sur notre sommeil, et souvent on ne se rend pas compte que l’on est fatigué.
- Quel est l’état des connaissances sur la question ?
Le manque se sommeil est un facteur très important de diabète, au moins aussi puissant que le fait d’avoir des parents obèses ou de manquer d’exercice physique.
Des études épidémiologiques récentes menées au sein de différentes populations ont montré que le manque de sommeil et son fractionnement (se réveiller fréquemment la nuit en ayant du mal à se rendormir, NDLR) augmente le risque de diabète d’au moins 30%, un chiffre pouvant aller selon les recherches jusqu’à 50%. Le travail posté* est, en ce sens, un facteur de diabète important. Plus intéressant encore : des études prospectives, qui ont suivi pendant 10 à 20 ans des personnes non diabétiques, ont montré que les petits dormeurs sont les plus exposés au diabète.
Il a aussi été prouvé que les personnes qui se couchent et se lèvent tard développent plus de diabète, car les repas pris tard dans la soirée sont moins bien métabolisés par l’organisme, favorisant ainsi le surpoids et l’obésité. Les travailleurs de nuit sont aussi une population à risque de diabète, car le décalage horaire provoque des modifications de l’horloge interne et diminue les hormones de satiété, ce qui pousse à trop manger. Le syndrome d’apnée du sommeil est également connu pour augmenter la résistance à l’insuline et les facteurs de stress métaboliques, et donc le risque de devenir diabétique.
Enfin, chez les diabétiques, on a mis en lumière un lien entre un temps de sommeil court et un moins bon équilibre glycémique.
- Tous les diabètes sont-ils concernés par les troubles du sommeil ?
Oui. Au départ, on reliait surtout les troubles du sommeil au diabète de type 2. Mais des études montrent désormais que ce lien existe aussi pour les diabétiques de type 1, qui peuvent mal dormir. Attention cependant: le fait d’avoir des troubles du sommeil ne prédispose pas du tout au diabète de type 1.
- Quand doit-on s’inquiéter d’un risque de diabète et qui doit-on consulter ?
On doit consulter son médecin généraliste si :
- on manque régulièrement de sommeil ;
- on est en surpoids (même léger) ;
- on fait peu ou pas d’activité physique ;
- on est prédisposé à la maladie par un parent diabétique.
Le diagnostic s’obtient via une prise de sang, qui révèle dans de nombreux cas des pré-diabètes. A ce stade, on peut encore prendre les choses en main pour éviter de devenir diabétique.
- Que recommandez-vous aux Français qui sont confrontés à des troubles du sommeil ?
Des professionnels de santé peuvent aider à rééduquer le sommeil. Avant de consulter, il faut essayer de ne pas regarder des écrans en fin de soirée (télévision, ordinateur, téléphone), de ne pas faire du sport juste avant de se coucher, et de ne pas dîner trop et trop tard. Pour donner un repère, on considère que manger après 20 heures n’est pas une bonne chose pour notre organisme.
Je précise également qu’il faut essayer de dormir entre 7 et 8 heures toutes les nuits, car dormir beaucoup le week-end ne rattrape par le manque de sommeil accumulé en semaine.
* On parle de travail posté pour tout mode d'organisation du travail en équipes selon lequel des travailleurs sont occupés successivement sur les mêmes postes de travail selon un certain rythme, continu ou discontinu, entraînant pour eux la nécessité d'accomplir un travail à des heures différentes sur une période donnée de jours ou de semaines.
Véronique Kerlan - C’est une problématique très actuelle, car les Français dorment de moins en moins, c’est-à-dire autour de 7 heures maximum par nuit, alors qu’il faut faire des nuits d’à peu près 8 heures (7,7 heures exactement). Ce manque de sommeil concerne particulièrement les adolescents, notamment à cause des écrans, qui perturbent l’horloge cérébrale. Or dormir trop peu augmente le risque de développer du diabète, et de nombreuses autres maladies (hypertension, obésité…).
Par ailleurs, c’est une problématique dont il faut parler, car on expose finalement assez peu ses troubles du sommeil à son entourage ou à son médecin, sauf en cas d’insomnie vraiment grave. On ne s’interroge malheureusement pas sur notre sommeil, et souvent on ne se rend pas compte que l’on est fatigué.
- Quel est l’état des connaissances sur la question ?
Le manque se sommeil est un facteur très important de diabète, au moins aussi puissant que le fait d’avoir des parents obèses ou de manquer d’exercice physique.
Des études épidémiologiques récentes menées au sein de différentes populations ont montré que le manque de sommeil et son fractionnement (se réveiller fréquemment la nuit en ayant du mal à se rendormir, NDLR) augmente le risque de diabète d’au moins 30%, un chiffre pouvant aller selon les recherches jusqu’à 50%. Le travail posté* est, en ce sens, un facteur de diabète important. Plus intéressant encore : des études prospectives, qui ont suivi pendant 10 à 20 ans des personnes non diabétiques, ont montré que les petits dormeurs sont les plus exposés au diabète.
Il a aussi été prouvé que les personnes qui se couchent et se lèvent tard développent plus de diabète, car les repas pris tard dans la soirée sont moins bien métabolisés par l’organisme, favorisant ainsi le surpoids et l’obésité. Les travailleurs de nuit sont aussi une population à risque de diabète, car le décalage horaire provoque des modifications de l’horloge interne et diminue les hormones de satiété, ce qui pousse à trop manger. Le syndrome d’apnée du sommeil est également connu pour augmenter la résistance à l’insuline et les facteurs de stress métaboliques, et donc le risque de devenir diabétique.
Enfin, chez les diabétiques, on a mis en lumière un lien entre un temps de sommeil court et un moins bon équilibre glycémique.
- Tous les diabètes sont-ils concernés par les troubles du sommeil ?
Oui. Au départ, on reliait surtout les troubles du sommeil au diabète de type 2. Mais des études montrent désormais que ce lien existe aussi pour les diabétiques de type 1, qui peuvent mal dormir. Attention cependant: le fait d’avoir des troubles du sommeil ne prédispose pas du tout au diabète de type 1.
- Quand doit-on s’inquiéter d’un risque de diabète et qui doit-on consulter ?
On doit consulter son médecin généraliste si :
- on manque régulièrement de sommeil ;
- on est en surpoids (même léger) ;
- on fait peu ou pas d’activité physique ;
- on est prédisposé à la maladie par un parent diabétique.
Le diagnostic s’obtient via une prise de sang, qui révèle dans de nombreux cas des pré-diabètes. A ce stade, on peut encore prendre les choses en main pour éviter de devenir diabétique.
- Que recommandez-vous aux Français qui sont confrontés à des troubles du sommeil ?
Des professionnels de santé peuvent aider à rééduquer le sommeil. Avant de consulter, il faut essayer de ne pas regarder des écrans en fin de soirée (télévision, ordinateur, téléphone), de ne pas faire du sport juste avant de se coucher, et de ne pas dîner trop et trop tard. Pour donner un repère, on considère que manger après 20 heures n’est pas une bonne chose pour notre organisme.
Je précise également qu’il faut essayer de dormir entre 7 et 8 heures toutes les nuits, car dormir beaucoup le week-end ne rattrape par le manque de sommeil accumulé en semaine.
* On parle de travail posté pour tout mode d'organisation du travail en équipes selon lequel des travailleurs sont occupés successivement sur les mêmes postes de travail selon un certain rythme, continu ou discontinu, entraînant pour eux la nécessité d'accomplir un travail à des heures différentes sur une période donnée de jours ou de semaines.