« Ce que je regrette dans cette enquête, c'est son aspect polémique. Ici, le public est tenté de comprendre cet article comme : les cigarettes électroniques sont aussi toxiques que les cigarettes conventionnelles. Ce qui est bien sûr radicalement faux. » C'est la réponse cinglante du Dr Gérard Mathern, secrétaire général de la Société Française de Tabacologie à l'enquête dévoilée ce matin par 60 millions de consommateurs. Dans ce travail, les enquêteurs de l'Institut national de la consommation (Inc) révélaient des résultats inédits selon lesquels la e-cigarette contiendrait des agents toxiques potentiellement cancérogènes pour l'homme. Mais pour ce pneumologue-tabacologue à Saint-Etienne, expert sollicité lors du rapport Dautzenberg, « cette enquête n'est pas sérieuse » et, « rien ne permet d'affirmer que la présence de ces agents fait encourir un risque pour les vapoteurs. »
Les taux de produits cancérogènes retrouvés ne sont pas quantifiés
Dr Gérard Mathern : Il manque des élements très importants dans cet article. Tout d'abord, 60 millions de consommateurs n'explique pas au public la méthode de dosage. En effet, cet Institut prétend avoir inventé un appareil que personne ne connaît et qui donne des résultats dont on ne communique pas les doses. Les produits incriminés dans cette enquête sont certes toxiques mais tout dépend de la dose. Par exemple, on peut retrouver le formaldéhyde dans d'autres types de dégagements domestiques mais à des doses faibles qui ne sont pas toxiques pour l'homme. On a des dizaines et des dizaines d'articles étrangers dans des revues scientifiques qui ont mesuré ces agents à des doses non dangereuses pour l'homme. Enfin, concernant la présence nouvelle de métaux dans les e-cigarettes, là encore aucun dosage n'est indiqué.
Le mystère de la présence d'acroéline
Dr Gérard Mathern : L'Institut national de la consommation prétend avoir rencontré de l'acroléine dans les e-cigarettes. C'est un produit irritant pour l'arbre respiratoire. Mais, pour en avoir, il faut chauffer le milieu à au moins 240 degrés. Or, avec la cigarette électronique, il n'y a pas de combustion. La e-cigarette chauffe à 50 degrés.
Les bénéfices incontestables la e-cigarette
Dr Gérard Mathern : Si l'on compare les deux produits, vapoter reste infiniment mieux que fumer la cigarette conventionnelle. D'une part, cette dernière contient par exemple du goudron, une substance extrêmement toxique et collante qui transporte beaucoup d'éléments toxiques. A la longue, il cause le cancer de la gorge et du poumon, et le cancer de la langue chez les fumeurs de tabac à rouler. En outre, la cigarette conventionnelle crée du monoxyde de carbone, un gaz produit par la combustion du tabac. Il possède des propriétés asphyxiante et polluantes et réduit l'oxygénation des tissus organiques. Il est notamment responsable des maladies cardiovasculaires chez les fumeurs.