- L'addiction pourrait être provoquée par les effets de l'alcool sur les cellules immunitaires du cerveau
- C'est une piste pour de nouveaux traitements contre l'alcoolisme
Que se passe-t-il dans notre cerveau lorsque nous consommons trop d’alcool ? Des chercheurs de l’Institut de recherche Scripps, situé en Californie, ont décrypté ce mécanisme. Dans la revue spécialisée Progress in Neurobiology, ils expliquent les modifications cérébrales à l’origine de l’alcoolisme, et mettent en lumière un traitement potentiel.
Une dégradation des cellules immunitaires
Les scientifiques ont concentré leurs recherches sur une petite partie du cerveau appelée amygdale. Elle est impliquée dans nos comportements, liée à nos émotions et à notre motivation. Lorsqu’une personne consomme de l’alcool de manière chronique, cette partie du cerveau se transforme et cela modifie les mécanismes anti-inflammatoires et l’activité cellulaire. "Nous avons constaté que la consommation chronique d’alcool abîme les cellules immunitaires du cerveau, dont le rôle est d’assurer la bonne santé des neurones", explique Reesha Patel, co-autrice de cette étude. Cette dégradation cellulaire serait responsable de l’anxiété et de l’addiction, qui conduisent à l’alcoolisme.
Un traitement potentiel
Après avoir constaté le rôle de l’amygdale, l’équipe de recherche s’est intéressée à la protéine immunitaire Interleukine-10, présente dans le cerveau. Cette dernière est connue pour ses propriétés anti-inflammatoires et est liée au système immunitaire : elle l’empêche de sur-réagir face à une menace. Chez les souris alcooliques, les scientifiques constatent que la quantité d’Interleukine-10 est réduite dans le cerveau. Ce phénomène empêche la transmission des messages vers les neurones et provoque une hausse de la consommation d’alcool.
Lorsque les chercheurs ont artificiellement augmenté les signaux envoyés par la protéine, ils ont réussi à inverser les effets de l’alcool : les comportements anxieux associés à sa consommation ont diminué et l’addiction était moins forte. "Nous avons montré que les réponses immunitaires dans le cerveau jouent un rôle dans le développement et le maintien de la dépendance à l’alcool", souligne Marisa Roberto, directrice de cette recherche. Cette découverte pourrait conduire à la création d’un traitement contre la dépendance à l’alcool.
Alcool : pas plus de dix verres par semaine
D’après des données de l’Office français des drogues et des toxicomanies (OFDT) de 2014, 8% de la population adulte en France présente un risque chronique d’alcoolisme. Toute consommation d’alcool est risquée, mais des repères ont été établis, notamment par Santé Publique France : il ne faut pas dépasser dix verres d’alcool par semaine, et jamais plus de deux verres par jour.