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Rythme circadien

Asthme : le travail de nuit augmenterait le risque

Par Jean-Guillaume Bayard

Les travailleurs postés, en particulier ceux qui travaillent en rotation permanente de nuit, seraient exposés à un risque accru d'asthme modéré à sévère.

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MOTS-CLÉS :
La probabilité de souffrir d'asthme augmente de 36% chez les travailleurs de nuit.
Les probabilités de respiration sifflante ou de sifflement des voies respiratoires sont de 11 à 18% plus élevées chez ces personnes.

Travailler la nuit n’est pas bon pour la santé. Une nouvelle étude révèle que les travailleurs postés, en particulier ceux qui travaillent en rotation permanente de nuit, auraient un risque accru de développer de l’asthme. Environ 1 employé sur 5 dans les pays développés travaille de nuit en permanence ou en rotation. Les résultats de l’étude sont parus le 7 octobre dans la revue Thorax.

Un risque accru de 36%

Les symptômes de l'asthme, tels que la respiration sifflante et le sifflement des voies respiratoires, varient considérablement selon l'heure du jour ou de la nuit. Les chercheurs ont voulu savoir si le travail de nuit accroit ou aggrave le risque d'asthme. Pour cela, ils se sont appuyés sur des informations médicales, de style de vie et d'emploi fournies entre 2007 et 2010 par 286 825 participants à la bio-banque britannique. Tous ces participants étaient âgés de 37 à 72 ans et exerçaient un emploi rémunéré ou indépendant. La plupart (83%) travaillaient des heures normales de bureau, tandis que 17% travaillaient à des horaires décalés, dont environ la moitié (51%) la nuit. Les schémas de travail comprenaient : des quarts de nuit jamais ou occasionnels ; quarts de nuit irréguliers ou rotatifs ; et des quarts de nuit permanents.

À travers cette étude, les chercheurs se sont rendus compte que ce décalage accroit les risques d’asthme. Après avoir pris en compte l'âge et le sexe, et un large éventail d'autres facteurs de risque potentiellement influents, il y a une augmentation de 36% de la probabilité de souffrir d'asthme modéré à sévère chez les travailleurs permanents de nuit par rapport à ceux qui travaillaient les heures normales de bureau. De même, les probabilités de respiration sifflante ou de sifflement des voies respiratoires sont de 11 à 18% plus élevées chez les personnes travaillant dans l'un des trois modèles de quart, tandis que les chances d'une fonction pulmonaire plus faible sont d'environ 20% plus élevées chez les travailleurs postés qui n'ont jamais ou rarement travaillé la nuit. 

Des implications importantes pour la santé publique

Les travailleurs de nuit sont plus susceptibles d'être en moins bonne santé au-delà de l’asthme. Le travail de nuit fait que l'horloge interne, ou rythme circadien, d'une personne n'est pas en phase avec le cycle de lumière et d'obscurité externe. Ce désalignement est associé à un risque accru de divers troubles métaboliques, de maladies cardiovasculaires et de cancer. Les travailleurs postés sont plus susceptibles d'être des hommes, des fumeurs et de vivre dans des zones urbaines et dans des quartiers plus défavorisés, ont suggéré les chercheurs. Ils boivent également moins d'alcool, dorment moins d'heures et travaillent plus longtemps.

Compte tenu de la prévalence à la fois du travail posté et de l'asthme dans les pays industrialisés, les implications pour la santé publique de ces résultats sont potentiellement “de grande portée, préviennent les chercheurs. Il n'y a pas de directives cliniques nationales spécifiques sur la façon de gérer l'asthme chez les travailleurs postés mais l'adaptation des horaires de travail posté en fonction du chronotype individuel pourrait être une mesure de santé publique intéressante qui mérite d'être explorée plus avant”, suggèrent-ils.



Retrouvez ci-dessoius l'émission Questions aux Experts sur le thème : "Vivre avec un asthme" :