Certains ont des visages que l’on n’oublie pas, d’autres ne savent pas oublier un visage. C'est à cette catégorie qu'appartiennent ceux que l’on appelle des super physionomistes, c’est-à-dire des personnes capables de se souvenir du visage des individus qu’elles rencontrent et de ne quasiment jamais les oublier, même des décennies après. Des chercheurs de l’université de Nouvelle-Galles du Sud (Australie) ont été publiés le 16 novembre 2020 dans la revue Plos One les résultats d’un test pour dépister ces personnes.
Une mémoire des visages à toute épreuve
La super physionomie est une capacité possédée par seulement 2% de la population mondiale. Avec le test qu’elle propose et qui est disponible gratuitement sur Internet depuis 2017, l’université de de Nouvelle-Galles du Sud se dit en mesure de fournir avec une plus grande précision une classification des super physionomistes. Selon elle, son test est plus précis que le Glasgow Face Matching Test et le Cambridge Face Memory Test.
Les chercheurs ont délibérément rendu ce test difficile, ce qui explique les performances moyennes assez basses, contrairement aux autres tests où les performances des candidats sont plus uniformes sur l’échelle de mesure. Sur les 31 000 personnes qui ont participé à ce test depuis 2017, aucune d’entre elles n’a réussi à atteindre le score de 100%, le meilleur résultat à ce jour étant de 97%.
“Lorsque les gens font le test, ils découvrent que c'est vraiment difficile, la plupart des gens obtenant un score de 50 à 60 %, atteste James Dunn, postdoctorant en recherche à l’université de Nouvelle-Galles du Sud. Mais les super physionomistes sont des personnes qui obtiennent un score de 70 % et plus. Nous avons rendu cela difficile pour que ce ne soit pas trop facile pour les meilleurs super physionomistes.”
Un intérêt grandissant pour ce type de profil
Pendant des années, la communauté scientifique a cru que les compétences en reconnaissance faciale pouvaient être enseignées afin d’aider les personnes travaillant dans les services de police à porter des jugements plus précis sur l’identité d’une personne. Toutefois, si cela a été infructueux car les capacités des super physionomistes ne peuvent être apprises, elles ont néanmoins ouvert une brèche. Les chercheurs pensent désormais que cette capacité extrême est codée dans notre ADN. “Ce que nous avons constaté, c'est que la reconnaissance des visages varie naturellement, comme le QI. Et tout comme le QI, il semble qu'une grande partie de cette variance soit déterminée génétiquement”, explique James Dunn.
Les super physionomistes intéressent les scientifiques pour deux raisons. La première, c’est que comprendre ce mécanisme aidera la recherche à mieux comprendre ce qui se passe dans notre cerveau lorsque nous voyons des visages familiers et non familiers, et comment nous faisons pour les distinguer. La deuxième, c’est l’intérêt croissant dans nos sociétés pour ce type de profils, qui intéressent notamment les organismes gouvernementaux (police, service d’immigration, renseignement).