Notre téléphone est plus utile que nous le pensons pour surveiller notre santé. Des chercheurs de l’université d’Amsterdam (Pays-Bas) ont développé une méthode pour mesurer la progression de la sclérose en plaques grâce à une application qui analyse la vitesse de frappe sur un téléphone tactile. L’étude a été mise en ligne dans Chaos: An Interdisciplinary Journal of Nonlinear Science le 12 novembre 2020.
Une application mobile dédiée aux malades
La sclérose en plaques est un maladie auto-immune et neurodégénérative qui touche le système nerveux central. Elle entraîne une dégradation de la gaine de myéline, l’isolant autour des axones qui relient les neurones entre eux. Lorsque la gaine de myéline est endommagée, elle ralentit la transmission des informations électriques entre les neurones, ce qui freine également les informations allant du cerveau vers le reste du corps. Cette maladie, qui touche deux fois plus les femmes que les hommes, concerne plus de 100 000 personnes en France et 2,3 millions de personnes dans le monde.
Fort du constat que la sclérose en plaques ralentit l’information nerveuse entre le corps et le cerveau, des chercheurs ont décidé d’utiliser la vitesse de frappe d’un message sur un écran tactile pour mesurer la progression de la maladie. Pour cela, ils analysent la vitesse de frappe, le temps de latence entre chaque lettre tapée, ainsi que le nombre de fautes commises et corrigés.
Pour leur étude, ils ont fait appel à des personnes atteintes et non-atteintes par la sclérose en plaques, âgées entre 18 et 65 ans. Pendant douze mois, grâce à une application mobile, intitulée Neurokeys, embarquée sur les téléphones des participants, ils ont pu observer des changements chez les patients par rapport aux personnes qui ne sont pas atteintes par la sclérose en plaques.
Un meilleur suivi de la maladie au quotidien
“Les changements cliniquement pertinents dans la dynamique de la frappe peuvent être considérés comme des signaux d'alerte précoce pour les changements dans l'activité de la maladie du patient avant que le changement ne se produise, indique James Twose, data scientist en intelligence artificielle à l’université d’Amsterdam. Dans les maladies chroniques comme la sclérose en plaques, la maladie d'Alzheimer et la maladie de Parkinson, il y a une aggravation au fil du temps. Quand il s'agit de dactylographier, il faut avoir toutes ses facultés pour bien le faire. C’est là que nous remarquons les personnes qui ont des problèmes avec cela.”
Le meilleur moyen de suivre les changements causés au cerveau par la sclérose en plaques reste l’IRM, que les patients effectuent tous les 3 à 12 mois avec leur médecin. Pour autant, les chercheurs restent persuadés que leur méthode de suivi en continu peut aider les professionnels de santé à prédire quand de nouveaux changements dans les traitements sont nécessaires.
Un tel système pourrait se révéler utile aux personnes souffrant de maladies chroniques pour plusieurs raisons. D’une part, il donnerait une image plus complète de l’évolution de l’état de santé des patients entre deux rendez-vous. D’autre part, cela représenterait également une facilité pour les patients gravement atteints, qui peuvent avoir des difficultés à se déplacer, à être suivis à distance et donc à pouvoir faire évoluer leur traitement.