Avant de faire des plans pour Noël ou le Réveillon, il est possible de calculer les risques. Des chercheurs de l’université de Georgia Tech aux États-Unis ont développé un site qui permet d’estimer le risque en fonction du nombre officiel de nouveaux cas rapportés chaque jour dans un lieu donné. Lancé en juillet, le site a vu sa méthode validée par la publication d’un article le 9 novembre dernier dans la prestigieuse revue scientifique Nature Humlan Behavior.
À 50 invités, le risque qu’une personne soit contaminée dépasse les 50% partout en Europe
Pour l’heure, impossible de prédire quels seront les mesures de restriction mises en place pour encadrer les fêtes de fin d’année. Grâce au site développé par les chercheurs américains, il est possible d’estimer en temps réel les risques encourus si ces Fêtes avaient lieu maintenant et que l’on serait autorisé à se regrouper. Pour calculer ces risques, le modèle prend en compte, outre les données en temps réel sur la pandémie de Covid-19, le fait que le nombre réel de contaminations est supérieur de 5 à 10 fois au nombre de tests positifs. L’utilisateur a ainsi le choix de calculer le risque en fonction de ces deux hypothèses, 5 ou 10. Ensuite, on peut sélectionner le nombre d’invités que l’on prévoit de réunir ou de rejoindre : 10, 25, 50, 100, jusqu’à 5 000 personnes. Par ailleurs, le site estime, par précaution, qu’une personne infectée demeure positive pendant 10 jours alors que la durée de contagiosité est estimée entre 5 et 6 jours.
Avec ces données, organiser un évènement réunissant 10 personnes à Paris présente 16% de chance qu’une personne soit infecté par la Covid-19. Le chiffre monte à 45% dans le département de la Savoie et affiche 27% dans le département du Nord. Si le nombre d’invités augmente, le pourcentage grimpe. Si l’on pousse à 50 personnes, on dépasse 50 % de probabilité de se trouver en présence d’une personne contaminée, en Europe et aux États-Unis. À Paris, organiser un évènement avec autant de monde pose le risque qu’au moins une personne soit infectée à 86%. Dans le Rhône, il s’élève à 99%.
Thanksgiving canadien, le mauvais exemple
Un autre exemple qui peut nous permettre d’anticiper les conséquences des regroupements lors des fêtes de fin d’année est le Canada. Le 12 octobre dernier, les Canadiens ont célébré Thanksgiving. Deux semaines après cette fête nationale, le nombre de cas quotidien recensé dans le pays a augmenté, passant de 2 300 à la veille de cette fête à 3 000. Aujourd’hui, ce sont 4 000 cas qui sont enregistrés chaque jour. “Dans certains territoires, nous savons que les rassemblements pendant le week-end de Thanksgiving ont contribué à l'augmentation du nombre de cas que nous constatons aujourd'hui”, a admis fin octobre le directeur adjoint de la santé publique du Canada, Howard Njoo. “Je pense qu'il est raisonnable de penser que la part d'augmentation que nous avons vu à Toronto est liée à Thanksgiving”, a poursuivi Eileen de Villa, responsable de la santé pour la ville.
Aux États-Unis, Thanksgiving a lieu le 26 novembre et fait craindre une flambée des cas. Les messages de prévention se multiplient, notamment par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), les autorités de santé, qui recommandent de célébrer la fête dehors ou à défaut avec les fenêtres ouvertes et en respectant les gestes barrière. Le président élu Joe Biden a exhorté les Américains à ne pas se regrouper à plus de 10. Pas certain qu’il soit entendu comme l’avance un sondage réalisé dans l’État de l’Ohio selon lequel deux habitants sur cinq prévoient de se regrouper à plus de 10 autour de la traditionnelle dinde.