Il ne faut pas trop chouchouter nos petits pour renforcer leur santé. Des chercheurs danois de l’université de Copenhague, en collaboration avec le Centre danois de l'asthme pédiatrique de Herlev et de l'hôpital Gentofte, ont découvert un lien entre les micro-organismes vivant dans la poussière des lits d'enfants et les bactéries présentes dans leurs voies respiratoires. Dans l'étude la plus approfondie du genre ils suggèrent que les micro-organismes peuvent réduire le risque pour un enfant de développer de l'asthme, des allergies et des maladies auto-immunes plus tard dans la vie. Ils ont présenté les résultats de leurs travaux le 7 août dernier dans la revue Microbiome.
Une corrélation entre les poussières de lit et les bactéries des enfants
Elle est invisible à l'œil humain, mais nos lits regorgent de cette vie microbienne. Pour mieux comprendre sa relation avec la santé des enfants, les chercheurs ont analysé des échantillons de poussière provenant des lits de 577 nourrissons âgés d’environ 6 mois avant de les comparer avec des échantillons respiratoires de 542 enfants. Le but est de déterminer quels facteurs environnementaux affectent la composition des micro-organismes dans la poussière de lit et s'il y a une corrélation entre ces micro-organismes et les bactéries présentes dans les voies respiratoires des enfants.
Les résultats ont montré que les poussières de lit et les bactéries des enfants agissent les unes sur les autres. “Nous voyons une corrélation entre les bactéries que nous trouvons dans la poussière de lit et celles que nous trouvons chez les enfants, poursuit le professeur Søren J. Sørensen du département de biologie de l’université de Copenhague. Bien qu'il ne s'agisse pas des mêmes bactéries, c'est une découverte intéressante qui suggère que ces bactéries s'influencent mutuellement. Cela pourrait avoir un impact sur la réduction des risques d'asthme et d'allergie dans les années ultérieures.”
Ne pas changer trop souvent les draps
Les chercheurs ont relevé 930 types différents de bactéries et de champignons dans la poussière recueillie sur les lits des enfants. Cette richesse en bactéries dépend en grande partie du type d'habitation dans lequel l'échantillon a été prélevé. Les maisons rurales ont des niveaux de bactéries significativement plus élevés que les appartements urbains. “Des études antérieures nous informent que les citadins ont une flore intestinale moins diversifiée que les personnes vivant dans des zones plus rurales, poursuit Søren J. Sørensen. Cela est généralement attribué au fait qu'ils passent plus de temps à l'extérieur et ont plus de contacts avec la nature. Nos études démontrent que les changements dans la flore bactérienne dans la poussière de lit peuvent également être une raison importante de cette différence.”
Ces découvertes suggèrent qu’il n’est pas nécessaire de vouloir cocooner à tout prix nos petits. “Les micro-organismes dans un lit sont affectés par l'environnement d'un logement, où une grande diversité bactérienne est bénéfique, avance le chercheur. Le message simple est que changer constamment de draps n'est peut-être pas nécessaire, mais nous devons étudier cela de plus près avant de pouvoir l’affirmer avec certitude.”
Les chercheurs ajoutent que ces révélations s’ajoutent à des études précédentes qui ont suggéré que les animaux de compagnie, les frères et sœurs plus âgés et la vie rurale contribuent à réduire le risque de développer des maladies auto-immunes. Récemment, une étude finlandaise parue dans la revue Sciences Advances a avancé que laisser les enfants jouer dehors renforce leur système immunitaire.