Les addictions sont souvent associées à des troubles psychiatriques. Les personnes gays, lesbiennes ou bisexuelles, ayant une consommation addictive de tabac ou d’alcool, seraient particulièrement touchées. Ce constat a été réalisé par des chercheurs de l’université du Michigan (Etats-Unis). Leur étude a été publiée dans The American Journal of Psychiatry. Ce sont des constats “très surprenants” d’après l’autrice principale de la recherche, Rebecca Evans-Polce. “Chez les femmes, les résultats sont encore plus flagrants.”
Un risque plus élevé de troubles psychiatriques
Les chercheurs expliquent que le risque de conduite addictive liée à l’alcool et au tabac et celui de souffrir de troubles psychiatriques est plus élevé chez les personnes gays, bisexuelles et lesbiennes. Dans cette recherche, ils ont analysé les données de 35 796 répondants à une étude nationale sur l’alcool et les troubles associés. L’équipe scientifique constate que le risque de souffrir de stress post-traumatique est quatre fois plus élevé chez les personnes bisexuelles, en comparaison aux personnes hétérosexuelles. D’après les chercheurs, les discriminations, le stress ou les traumatismes liés à l’enfance étaient liés à une probabilité plus importante d'être atteint de troubles psychiatriques pour les personnes gays, lesbiennes et bisexuelles.
Les femmes sont davantage concernées
Ainsi, 63% des femmes bisexuelles ayant une consommation addictive de tabac souffraient également d’anxiété, de troubles de l’humeur ou de stress post-traumatique. En comparaison, ces pathologies psychiatriques concernaient seulement 46% des femmes hétérosexuelles qui fumaient. Pour l’anxiété, le risque était de 32,5% chez les femmes bisexuelles, contre 16% pour les femmes hétérosexuelles. La probabilité d’être atteinte de troubles de l’humeur était de 35% pour les femmes bisexuelles, contre 15% pour les femmes hétérosexuelles. Pour le stress post-traumatique, le risque était de 21% pour les premières contre 6% pour les autres.
Les chercheurs essaient de comprendre pourquoi ces risques sont plus élevés chez les femmes bisexuelles. “Les inégalités sociales et le stress dus au sexisme et l’hétérosexisme doivent y contribuer", suppose Rebecca Evans-Polce. D’après elle, ces résultats doivent contribuer au développement de programmes de prévention à la fois sur les comportements addictifs liés à ces substances mais aussi sur la santé mentale pour les personnes appartenant à des minorités sexuelles.
Les parcours de vie ont une influence sur les addictions
En 2018, une recherche s’était déjà intéressée aux comportements addictifs et à l’orientation sexuelle. Les chercheurs ont constaté que les difficultés relatives à l’acception de l’orientation sexuelle, le rejet et la stigmatisation ont des répercussions sur la consommation de substances psychoactives chez les hommes gays et bisexuels. D’après le ministère de la Santé, la consommation de ces produits est responsable de plus de 100 000 décès, par accident ou maladie, chaque année.