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Covid-19

Vaccins : AstraZeneca annonce 70% d'efficacité; et le point sur la course

Par Jean-Guillaume Bayard

Le laboratoire britannique AstraZeneca annonce une efficacité allant de 70 à 90% pour son candidat-vaccin contre la Covid-19 développé avec l’université d’Oxford. C’est moins que ses concurrents américains Pfizer et Moderna et que le Russe Spoutnik V mais il présente l’avantage de se fabriquer à plus faible coût et de se déployer plus facilement.

herraez/iStock
Le vaccin britannique affiche 70% d'efficacité qui peut grimper jusqu'à 90%.
Les premiers vaccins américains pourraient être déployés dès la mi-décembre.
Les Français restent réticents sur la possibilité de se faire vacciner contre la Covid-19.

La course au vaccin s’intensifie et il semble que l’on s’approche de la ligne finale. Le laboratoire britannique AstraZeneca a annoncé des résultats préliminaires sur l’efficacité de son candidat vaccin contre la Covid-19, développé avec des chercheurs de l’université d’Oxford, dans la phase 3 et dernière phase des essais cliniques. Ce sont les troisièmes à afficher ces résultats après les américains Pfizer et Moderna et le Russe Spoutnik V. 

- Quels sont les candidats vaccins les plus avancés ?

Dans un communiqué publié ce lundi 23 novembre, le groupe pharmaceutique AstraZaneca présente une efficacité de son candidat-vaccin à 70%. Les chercheurs jugent leur vaccin “hautement efficace” et ajoutent qu’aucun participant aux essais n'a développé de formes sévères ou n'a dû être hospitalisé. Cette efficacité a grimpé à 90% dans un premier groupe qui a reçu une demi-dose puis une dose un mois plus tard. Elle a chuté à 62% chez un deuxième groupe qui a reçu deux doses en tout avec un mois d'écart. Ces résultats sont le fruit d’essais menés sur plus de 20.000 personnes, dont 131 ont contracté la maladie.

Les britanniques rejoignent deux autres candidats vaccins américains, développés par les groupes Pfizer et Moderna en tête de la course au vaccin. Le premier a annoncé le 9 novembre dernier une efficacité à 90% de son vaccin BNT162b2 mis au point avec l’allemand BioNTech. Pour Moderna, celle-ci grimpe à 94,5% a annoncé le groupe quelques jours plus tard pour son vaccin mRNA-1273d. Le Russe Souptnik V fait lui aussi partie du quatuor de tête. Son vaccin, développé par l’institut Gamaleya, aurait une efficacité de 92%

Les Français sont un peu plus à la traîne. Le candidat vaccin de Sanofi Pasteur a récemment obtenu des résultats probants lors de la phase 2 des essais cliniques. La phase 3 doit se dérouler jusqu’en mai mais pour réduire l’écart avec ses concurrents, la production du vaccin va être lancée dès le mois de septembre, a annoncé Olivier Bogillot, le président de Sanofi France.

- Quelles sont les différences entre les vaccins ?

Les chercheurs britanniques et américains ont utilisé deux approches différentes pour leur vaccin. Les équipes d’Oxford et d’Astrazeneca ont misé sur l’introduction du code de la protéine de pointe du virus, responsable de l’infection, dans l‘information génétique d’un autre virus qui, une fois modifiée, pénètre dans les cellules humaines qui lient leur matériel génétique et se met à fabriquer la protéine de pointe du SARS-CoV-2. Cette production de protéines de pointe va ensuite stimuler une importante réponse immunitaire qui empêche le coronavirus d’utiliser ses protéines de pointe pour s’accrocher aux cellules et les pénétrer.

Les vaccins américains développés par Pfizer et Moderna utilisent eux la même méthode : l’ARN messager. Il s’agit d’une molécule utilisée par la cellule pour fabriquer des protéines comme si elle en avait besoin. L’acide ribonucléique messager, ou ARN messager, est une copie temporaire d’une section de notre ADN, le code génétique de toutes nos cellules. Un brin d’ARN messager contient toutes les instructions d’assemblage pour permettre à une cellule de créer une protéine. Le résultat est le même que pour l’autre technique puisqu’au final, il s’agit d’empêcher le virus d’utiliser ses protéines de pointe pour s’accrocher aux cellules et les pénétrer.

Le vaccin Spoutnik V utilise lui des adénovirus transformés pour aider le système immunitaire à combattre le coronavirus. Cette solution dite du vaccin vectorisé apporte à l’organisme une partie du matériel génétique de la Covid-19 totalement inoffensive, que notre corps pourra reprendre pour fabriquer des anticorps contre la Covid-19. Les adénovirus sont une famille d’une centaine de virus dont une quarantaine peuvent infecter l’être humain. Notre corps a déjà rencontré un adénovirus, puisque c’est l’un d’entre eux qui est responsable du rhume.  

- Quand les vaccins seront-ils prêts

Les deux groupes américains sont confiants quant au déploiement de leur vaccin avant la fin de l’année. La logistique de disponibilité de ces vaccins est déjà en place, la production a commencé et une fois l’approbation de leur mise sur le marché par l’agence américaine des médicaments (FDA), le déploiement pourrait intervenir dans les jours qui suivent. En Europe, leur disponibilité pourrait intervenir pour début 2021, a précisé une source européenne à l’AFP.

Pour le vaccin britannique, le groupe AstraZeneca dit avancer rapidement dans la fabrication prévue de 3 milliards de doses, qui seront disponibles en 2021. Chez Sanofi, la date de juin 2021 est avancée pour sa disponibilité.

- Quelles conditions de stockage et de transport ?

La grosse différence entre ces vaccins est leur transport. À ce jeu-là, les Américains semblent être les plus difficiles à déployer. La technologie utilisée nécessite pour l’instant des températures de stockage très basses, autour de -70 degrés, ce qui pourrait ralentir leur diffusion. Pour pallier ce problème, les chercheurs du groupe Pfizer ont annoncé, à Business Insider, plancher sur la mise à disposition de leur vaccin sous forme de poudre pour l’année prochaine. 

Le vaccin britannique ne requiert pas une telle congélation et repose sur une “chaîne d'approvisionnement simple”, se félicite estime Pascal Soriot, directeur général d'AstraZeneca, cité dans le communiqué. Le vaccin “sera accessible et disponible à travers le monde”, poursuit-il.

Chez Sanofi, on met également en évidence la facilité de conservation de leur vaccin. “Notre vaccin sera comme le vaccin contre la grippe, vous pouvez le mettre dans votre réfrigérateur”, a annoncé son président sur CNews.

- Comment se prépare la campagne de vaccination ?

Une fois le vaccin disponible, de grandes campagnes de vaccination vont être lancées. “La question d’un vaccin obligatoire ‘se posera’”, a reconnu Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, au Journal du Dimanche (JDD). Le gouvernement a nommé son “M.Vaccin” Louis-Charles Viossat, ancien directeur du cabinet de l’ex-ministre de la santé (2002-2004) de Jacques Chirac, Jean-François Mattei. Ce dernier a pour mission d’organiser la campagne de vaccination.

L’autre question qui reste en suspens est celle de savoir quelle population sera concernée prioritairement par le vaccin. “Ceux qui seront vaccinés en priorité seront les professionnels de santé et du médico-social en contact direct avec les malades, et les personnes les plus à risque de formes graves de la maladie, personnes âgées ou ayant des comorbidités”, a avancé le Pr Daniel Floret, vice-président de la Commission technique des vaccinations de la Haute Autorité de santé (HAS), chargée d’élaborer les recommandations, au Figaro. Un avis définitif de la HAS est attendu pour la fin du mois de novembre.

Un sondage Elabe paru le 18 novembre dernier annonce que seuls 40% des Français envisagent de se faire vacciner contre la Covid-19. D’autres sondages précédents ont fait état de cette réticence française face aux vaccins. Un sondage publié le 1er septembre par Ipsos que 59% des Français ont fait part de leur désir de se faire vacciner contre le virus contre 74% de la population mondiale.