- Près de deux tiers des patients déclarent que l’ingestion de gluten déclenche leurs douleurs abdominales.
- Aucune étude scientifique ne corrobore l'effet antidouleur d'un régime sans gluten.
Le régime sans gluten est à la mode et ce malgré le fait que peu de personnes soit directement concernées par une maladie cœliaque. Seul 1% de la population est atteint de cette pathologie auto-immune qui détruit l’intestin grêle et ne permet pas la digestion du gluten. Pourtant, nombreux sont les patients qui pointent le gluten comme étant à l’origine de leurs maux de ventre.
Deux tiers des patients déclarent que l’ingestion de gluten déclenche leurs douleurs abdominales
La question de l’intérêt du gluten pour réduire les douleurs a été abordé au cours d’une session intitulée “le gluten peut-il induire des douleurs ?” au cours du 20e Congrès de la Société française d’étude et de traitement de la douleur (Sfetd) qui se déroule actuellement. “Près de deux tiers des patients déclarent que l’ingestion de gluten déclenche leurs douleurs abdominales”, a rapporté la Dr Pascale Vergne-Salle, rhumatologue (Limoges) au cours de sa prise de parole lors de cette session. Pourtant, très peu sont confrontés à une réelle indigestion.
Malgré ce plébiscite, aucune étude scientifique ne corrobore cet effet antidouleur du régime sans gluten. “Nombreuses sont les études qui s’intéressent au rôle protecteur ou délétère de certains nutriments, à l’impact de différents régimes sur l’inflammation et des pathologies en lien avec l’inflammation, a poursuivi la rhumatologue. Le syndrome du côlon irritable, pathologie éminemment douloureuse, est considéré par certains comme un trouble de l’axe tube digestif-cerveau mais de nombreux chevauchements existent entre douleurs, signes digestifs, alimentation, gluten, microbiote et immunité.” Parmi les rares études qui montrent un effet contre la douleur, celles-ci ne sont pas suffisamment sérieuses, estime-t-elle, précisant qu’elles ont été menées sur de petits effectifs et sur des durées courtes. “De plus, leurs biais méthodologiques sont nombreux”, ajoute-t-elle.
Se priver de gluten sans intolérance, un danger
Une étude récente est venue appuyer l’intérêt de manger du gluten chez les enfants qui ne sont pas intolérants. Introduire le gluten chez les enfants dès quatre mois permettrait de limiter le risque de développer la maladie cœliaque. Les enfants qui ont introduit le gluten à leur 6 mois ont un risque de développer la maladie cœliaque qui est plus élevé que ceux qui l’ont introduit au bout de 3 mois (+1,4%).
Se priver de gluten pourrait par ailleurs s’avérer mauvais pour la santé. Une étude parue dans la revue Healthcare le 14 octobre a rapporté rapportant des carences en folates, fer, vitamine B et fibres chez des personnes qui ne consomment pas de gluten. Par ailleurs, de nombreux produits qui se veulent gluten free sont riches en sucres et en graisses.