Est-ce que j'ai mal au ventre parce que je suis anxieux ou, au contraire, suis-je anxieux parce que ça ne va pas dans mon ventre ? Cette question, qui aurait semblé absurde il y a quelques années, est aujourd'hui l'objet de recherches scientifiques et médicales du plus haut niveau. Dépression, stress, hypersensibilité, burn-out, boulimie, anorexie, Alzheimer, Parkinson... toutes ces maladies trouveraient, au moins en partie, leur origine dans notre intestin, conférant au pouvoir du "mieux manger" une nouvelle dimension.
"Eviter les aliments transformés"
"Vos bactéries intestinales vont pouvoir influencer votre comportement", explique le Professeur Gabriel Perlemuter, chef du service hépato-gastro-entérologie et nutrition à l'hôpital Antoine-Béclère de Clamart (AP-HP) et auteur du livre Et si la solution venait de nos bactéries ? (Flammarion). "Par exemple, si on donne à une souris une alimentation de type occidental, c’est-à-dire trop sucrée et trop grasse, on va la déprimer, en modifiant ses bactéries intestinales et la perméabilité de son intestin. Chez l’être humain, pour aller bien sur le long terme, il faut privilégier les légumes, certains fruits et éviter les aliments transformés", poursuit le spécialiste.
"Les bactéries intestinales sont aussi impliquées dans nos comportements addictifs", ajoute Gabriel Perlemuter. "Les personnes qui ont des problèmes addictifs sont souvent des personnes assez sensibles, qui calment leur anxiété en prenant de l’alcool ou en fumant par exemple. Or, on s’est rendu compte que ces consommateurs avaient une porosité intestinale trop importante et un déséquilibre au niveau de leurs bactéries intestinales. Donc, en modulant leurs bactéries, on peut limiter leur comportement addictif, avec notamment des fibres et des probiotiques", détaille le Professeur (pour en savoir plus, cliquez sur la vidéo ci-dessous).
"L'intermédiaire du système sanguin"
Des travaux européens viennent par ailleurs de confirmer une corrélation entre un déséquilibre du microbiote intestinal et le développement dans le cerveau des plaques amyloïdes, responsables de l’apparition de la maladie d'Alzheimer. "Nous avons, par imagerie PET, mesuré leur dépôt d'amyloïde, puis quantifié la présence dans leur sang de divers marqueurs d'inflammation et de protéines produites par les bactéries intestinales", rapporte à propos des participants Moira Marizzoni, directrice de l’étude, publiée le 10 novembre dans le Journal of Alzheimer's Disease. "Nos résultats sont sans appel : certains produits bactériens du microbiote intestinal sont corrélés à la quantité de plaques amyloïdes dans le cerveau, et ce, par l'intermédiaire du système sanguin, qui transporte certaines protéines des bactéries jusqu'au cerveau", conclut l’experte.