"Attention, je pique", ne serait pas la phrase idéale à prononcer avant une prise de sang ou une péridurale. C’est ce que démontre une nouvelle étude, publiée dans la revue British Journal of anesthesia, où des anesthésistes réanimateurs ont analysé l’impact des mots prononcés lors de la pose d'une perfusion sur la douleur ressentie par les patients.
Comparer les effets de trois types de communication
"Nous avons cherché à comparer les effets de trois types de communication sur la douleur, le confort et l'anxiété des patients pendant la pose d’une perfusion" sur le dos de la main, expliquent les auteurs en préambule. Ils avancent que "l'utilisation de mots liés à la douleur ou à des expériences indésirables peut entraîner une plus grande douleur et une plus grande anxiété. A l’inverse, l'utilisation de mots positifs peut améliorer la perception de la douleur et l'expérience subjective du patient".
Avant la piqûre, un premier groupe de patients sous hypnose a entendu "comment êtes-vous venu à l’hôpital ce matin, combien de temps avez-vous mis pour venir ? Votre vélo va toujours à la piscine ?", un deuxième groupe a entendu : "je place un élastique, je désinfecte, je pose la perfusion" et le troisième groupe a entendu : "je serre fort le garrot, c’est froid, attention, ça va faire mal, un deux trois je pique".
"L’objectif est de provoquer une confusion"
Bilan : "sur les 272 sujets analysés, la douleur après la piqûre était plus faible dans le groupe hypnose par rapport aux deuxième et troisième groupe", écrivent les chercheurs. "Alors que l'anxiété était plus élevée et le confort plus faible avant la perfusion dans le groupe hypnose, l'anxiété a diminué et la perception du confort a augmenté après la piqûre lorsque l'hypnose a été utilisée", précisent-ils.
"L’objectif est de provoquer une confusion", conclut dans Science et Avenir le Dr Fusco, anesthésiste réanimateur au CHU de Rennes, directeur de la recherche. "Ce qui est recommandé est de choisir les mots en fonction de ce que l’on ressent avec chaque patient en allant à sa rencontre et en échangeant avec lui, dès que l’on est face à lui, avant même la réalisation du geste, afin de personnaliser le message pour lui donner plus d’efficacité". Trois hôpitaux différents ont été sollicités pour l’étude : le CHU de Rennes, l’Hôpital de Saint Grégoire et Hôpital Saint Luc de Bruxelles.