- Emmanuel Macron n'écarte pas des mesures d'isolement "plus contraignantes"
- Un texte prévoyant un "référent santé" pour accompagner les patients isolés et le versement d'indemnités a été déposé par un groupe de députés
- Cette proposition de loi propose une amende de 1 500 euros pour ceux qui ne respecteraient pas l'isolement
Dès les premières semaines de la crise sanitaire, le gouvernement avait mis en avant le tryptique "tester-tracer-isoler" comme outil de maîtrise de l'épidémie. Une stratégie d'ailleurs appliquée avec rigueur dans certains pays comme la Corée du Sud où le bilan de l'épidémie se limitait au 15 octobre à moins de 500 morts. Mais le cadre de la phase "isoler" ne fait l'objet pour le moment que d'une recommandation de la Haute Autorité de Santé qui prévoit que pour les cas contacts, les personnes ayant les premiers symptômes et celles testées positives, un isolement de 7 jours est "indiqué".
L'attente de mesures "plus rigoureuses"
Résultat, des patients qui se savent malades -et ceux-ci, y compris pour les asymptomatiques sont de plus en plus nombreux avec l'amplification du nombre de tests réalisés depuis le début de la deuxième vague de l'épidémie- continuent de vivre "normalement", de travailler ou de voir leurs proches au risque de multiplier les contaminations.Une situation qui a fait réagir un collectif d'associations d'usagers du système de santé qui a publié le 24 novembre une tribune dans Le Parisien pour réclamer des mesures plus vigoureuses. "Il faut mettre en oeuvre la stratégie 'tester-tracer-isoler-protéger', la protection des personnes isolées est indispensable pour que les personnes acceptent de s'isoler", soulignait le même jour sur RFI le Professeur Axel Kahn, président de la Ligue contree le Cancer et signataire de cette tribune. "Il y a des gens qui vivent dans des conditions telles qu'ils ne peuvent pas s'isoler chez eux, rien n'est prévu, on ne va pas enfermer des gens dans une cellule ni dans une chambre d'hôtel si rien n'est prévu !", précisait Axel Kahn en évoquant la nécessité d'un accompagnement de ces personnes et la mise en place d'une indemnité journalière "pour compenser un éventuel manque à gagner professionnel".
Un accompagnement des patients et des indemnités journalières
Des pistes que l'on retrouve dans la proposition de loi déposée le 25 novembre par le groupe "Agir Ensemble". Son texte propose une stratégie de tests massifs suivie de l'isolement des malades. "Mais il faut traiter dignement les malades, a souligné au micro d'Europe 1 Olivier Becht, le président de ce groupe. D'où l'importance, selon lui, de faire accompagner chaque patient par un "référent santé" capable d'apporter à ceux qui devront être isolés "nourriture, médicaments et soins" et de prévoir des indemnités journalières "sur le modèle du congé maladie des salariés" à destination de ceux dont l'isolement aurait un impact sur leur activité professionnelle. En contrepartie, le texte d'"Agir Ensemble" prévoit une amende de 1 500 euros pour ceux qui ne respecteraient pas l'isolement, qu'il se passe à leur domicile ou dans un lieu d'accueil.Le caractère obligatoire pose problème
Mais même si Emmanuel Macron souhaite un débat sur des mesures contraignantes pour faire respecter l'isolement, son caractère obligatoire pose d'autres problèmes. Le premier étant celui des locaux dans lesquels pourraient être accueillis ceux qui ne peuvent pas s'isoler chez eux. Dès le mois d'avril dernier, au plus fort de la première vague, des hôtels s'étaient déclarés prêts à accueillir des patients et l'AP-HP avait même réquisitionné des chambres dans plusieurs établissements de la région parisienne. Mais la stratégie d'isolement ne s'était jamais vraiment mise en place.L'autre obstacle à un isolement obligatoire a été souligné très récemment par le premier Ministre lui-même. Jean Castex a déclaré craindre que les Français arrêtent de se faire tester pour éviter une mise en quarantaine! Un risque rappelé mardi soir dès la fin de l'intervention du chef de l'Etat par plusieurs professionnels se santé réagissant aux propos d'Emmanuel Macron.