La lutte contre le VIH est loin d’être terminée. En 2019, plus de 136 000 personnes ont été diagnostiquées positives dans le monde, dont environ 20 % dans l’Union européenne (UE) et l’Espace économique européen (EEE) et 80 % de ceux-ci dans la partie orientale de la région européenne.
Ces chiffres, publiés jeudi 26 novembre par le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS), mettent en lumière une autre donnée inquiétante : l’augmentation du nombre de personnes porteuses du VIH et qui ne sont pas diagnostiquées.
Selon l’ECDC et l’OMS, plus d’un diagnostic du VIH sur deux (53 %) survient à un stade tardif de l’infection, quand le système immunitaire a déjà commencé à défaillir. Cela signifie que les politiques de dépistages mises en place dans les différents pays de l’UE ne sont pas efficaces pour dépister la maladie à un stade précoce.
Une augmentation des infections au VIH dans l’ensemble de la région européenne
D’après les chiffres de l’étude, la dernière décennie a vu diminuer de moitié le nombre de personnes diagnostiquées avec le sida, le stade final d’une infection au VIH non traitée. Cependant, dans l'UE/EEE, 74 % des 2 772 diagnostics de sida en 2019 ont été faits dans les trois mois après le diagnostic initial du VIH. Cela montre qu'il existe un problème important de diagnostic tardif de l'infection par le VIH. Or, un diagnostic tardif contribue à la transmission continue du VIH car, souvent pendant des années, les personnes ne savent pas qu'elles sont séropositives et ne reçoivent pas de traitement.
Autre donnée peu encourageante : l’augmentation de 10 % depuis 2010 du nombre de personnes séropositives nouvelles diagnostiquées dans l’ensemble de la région européenne. La proportion de nouveaux diagnostics dans les pays de l'UE/EEE a en revanche diminué de 9 % au cours de la même période.
Selon les auteurs du rapport de l’ECDC et de l’OMS, le nombre de nouveaux diagnostics de VIH et le nombre estimé de nouvelles infections par le VIH dans l'ensemble de la région européenne montrent que le nombre de personnes infectées par le VIH au cours de la dernière décennie est supérieur au nombre de personnes diagnostiquées. Cela indique donc que le nombre de personnes vivant avec le VIH non diagnostiqué augmente. Dans les pays de l'UE et de l’EEE, la tendance inverse a été observée : le nombre de personnes vivant avec le VIH non diagnostiqué a diminué.
Un diagnostic trop tardif chez les plus de 50 ans
Les données de surveillance du VIH/sida pour 2019 montrent aussi que la proportion de personnes diagnostiquées tardivement augmente avec l'âge. Ainsi, dans l’ensemble de la région européenne, 67 % des personnes âgées de 50 ans et plus ont été diagnostiquées tardivement au cours de leur infection par le VIH. En 2019, un nouveau diagnostic de VIH sur cinq a été posé chez une personne de plus de 50 ans.
Cela pourrait être lié à une sous-estimation du risque d’infection par les personnes âgées elles-mêmes ou le personnel soignant. Les personnes âgées peuvent aussi être plus touchées par la stigmatisation associée à la maladie et moins à l'aise pour demander un test de dépistage.
Repenser les politiques européenne de dépistage précoce
Pour le Dr Andrea Ammon, directrice de l'ECDC, la lutte contre l’épidémie mondiale de Covid-19 ne doit pas faire perdre de vue d’autres problèmes de santé publique comme le VIH. "Si nous voulons réduire la forte proportion de personnes diagnostiquées tardivement, il est essentiel de diversifier nos stratégies de dépistage du VIH, comme l'indique par exemple le guide des tests de l'ECDC."
Pour réduire le nombre de futures infections par le VIH, l'Europe doit se concentrer sur trois domaines principaux, estime l’ECDC. Tout d’abord, donner la priorité à une série de mesures de prévention, telles que la sensibilisation, la promotion de relations sexuelles protégées grâce à la distribution de préservatifs ou encore la mise en place de programmes d'échange de seringues et de traitements de substitution aux opioïdes. La prophylaxie pré-exposition au VIH (PrEP) doit aussi être promue.
Il est aussi indispensable de déployer des services efficaces de dépistage du VIG pour des diagnostics rapides.
Enfin, il faut garantir un accès rapide à des traitements et des soins de qualité pour les personnes diagnostiquées. Un diagnostic précoce est important car il permet aux personnes de commencer plus tôt un traitement contre le VIH, ce qui augmente leurs chances de vivre longtemps et en bonne santé et prévient toute nouvelle transmission, rappelle l’ECDC.