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Démence

Alzheimer : la durée des études ne diminue pas le risque

Par Jean-Guillaume Bayard

Contrairement aux conclusions de précédents travaux, il n'y aurait pas de lien entre un nombre d'années d'études élevé et un moindre risque de développer une démence plus tard dans la vie. 

coffeekai/iStock
Des facteurs importants déterminant la réussite scolaire - par exemple l'intelligence ou le contexte socio-économique - affectent également notre processus de vieillissement.
Modifier plusieurs facteurs de risque au cours de sa vie permettait de prévenir, ou du moins de retarder, 40% des risques de développer Alzheimer.

Faire des études n’est pas un facteur permettant de retarder l’apparition d’Alzheimer. Une nouvelle recherche suédoise vient réfuter une croyance pourtant validée par de précédents travaux. En 2014, des chercheurs avaient estimé que faire des études permettait de retarder de 7 ans l’apparition de la démence. Une recherche menée par des scientifiques suédois de l'université de Duisburg-Essen (UDE) vient contredire ces résultats et avance que qu’il n’y pas de lien causal entre des études longues et une apparition tardive de démence. Les résultats de ces travaux ont été présentés le 23 novembre dans l’American Journal of Epidemiology

L’intelligence ou le contexte socio-économique

Les chercheurs ont épluché les archives pour obtenir des informations sur la réforme de l'école primaire suédoise entre 1930 et 1950, lorsque l'enseignement obligatoire a été progressivement étendu de six à sept ans dans tout le pays. “C'était obligatoire pour tous les jeunes de 13 ans, quels que soient leur intelligence, leur caractère, leur environnement social ou d'autres facteurs qui affectent normalement la décision sur la durée des études”, ajoute Martin Karlsson qui a dirigé le groupe de recherche. Résultat, les chercheurs ont comparé les différentes durées d'enseignement avec les diagnostics de démence de 1,3 million de personnes nées entre 1920 et 1936.

Les chercheurs n’ont découvert aucun lien causal entre le nombre d’années scolaires et le risque de développer une démence plus tard dans la vie. Si la maladie touche plus souvent les personnes peu scolarisées que les diplômés universitaires, il ressort de cette étude que l’éducation n’est pas pour autant un facteur protecteur. “Des facteurs importants déterminant la réussite scolaire - par exemple l'intelligence ou le contexte socio-économique - affectent également notre processus de vieillissement”, avance Martin Karlsson.

Réduire le risque de 40%

Des spécialistes ont affirmé le 30 juillet dans la revue The Lancet que modifier plusieurs facteurs de risque au cours de sa vie permettait de prévenir, ou du moins de retarder, 40% des risques de développer Alzheimer.

- Bouger. Il a été démontré que la pratique d’une activité physique régulière était associée à une diminution pouvant atteindre 45% du risque. Objectif donc : au moins 30 minutes par jour ;

- Arrêter de fumer. Les composants inhalés du tabac sont nocifs pour de nombreux organes, notamment le cerveau ;

- Solliciter le cerveau. Cet organe a lui aussi besoin d'être "entraîné". Alors il faut lire, aller au musée, etc… ;

- Contrôler sa tension. L’hypertension artérielle non prise en charge est susceptible de conduire au développement de troubles cognitifs ;

- Prendre soin de sa santé mentale… De nombreux chercheurs estiment que la dépression fait le lit de maladies cognitives ;

- Ne pas se fermer pas aux autres. En clair, lutter contre l’isolement social. Le fait d’avoir une vie sociale active, semble retarder la survenue de la maladie ;

- Surveiller l'audition. Plusieurs travaux ont déjà montré que la déficience auditive avait un lien avec le déclin cognitif ;

- Garder un œil sur son poids. Il semble bien que la maladie d’Alzheimer se caractérise (en plus des troubles cognitifs) par un dysfonctionnement métabolique associé à l’obésité. Adopter une alimentation équilibrée, et encore une fois, faire du sport ;

- L’alcool avec modération. La consommation excessive est associée à un triplement du risque de démences en général et un doublement de celui de développer la maladie d’Alzheimer ;

- Gare à la tête. Divers travaux ont mis en évidence un sur-risque des micro-traumatismes crâniens, par exemple chez certains sportifs (comme les joueurs de de rugby ou les boxeurs). Ne pas hésiter pas à porter un casque pour la pratique d'activités à risque ;

- Enfin, facile à dire, mais ne s'exposer trop à la pollution de l’air. Les modèles animaux suggèrent que les particules en suspension accélèrent les processus neurodégénératifs. Cela englobe aussi le tabagisme passif.