Il n’y a pas de petits ou de gros dormeurs, il y a simplement des gens plus ou moins stressés. Des chercheurs de l’université de Nagoya (Japon) ont découvert ce qui liait le rythme circadien avec le stress chez les mammifères. Dans notre cerveau, certains neurones deviennent particulièrement actif lorsque notre corps détecte du stress, ce qui décale nos plages de repos et crée des insomnies et des troubles du sommeil. Les résultats ont été publiés le 6 novembre 2020 dans la revue Science Advances.
Un réflexe de survie ancestral
Le rythme circadien correspond à la plage horaire d’une journée que suivent tous les organismes vivants, du plus grand au plus microscopique. Chez nous, les mammifères, cette horloge interne se situe dans les neurones du noyau suprachiasmatique du cerveau qui régule notre cycle veille-sommeil. Toutefois, en cas de situation potentiellement dangereuse, le signal du rythme circadien est coupé pour nous maintenir éveillé afin que nous puissions échapper à ce danger même lorsqu'il serait normalement l’heure de dormir. Ce mécanisme ancestral était indispensable pour nos ancêtres qui étaient toujours sur le qui-vive, et cela les a aidé à survivre. En revanche, dans nos sociétés modernes, où le stress est devenu omniprésent, cette règle de survie peut déclencher des insomnies et autres troubles du sommeil.
“Il est bien connu que l'horloge circadienne et le stress ont un effet sur le sommeil, mais on ne savait pas clairement quelle voie neurale est cruciale pour la régulation circadienne du sommeil et de l’éveil”, indique Daisuke Ono, professeur à l’Institut de recherche en médecine environnementale de l’université de Nagoya.
Afin de comprendre comment le stress peut perturber notre sommeils, les chercheurs ont mené une expérience sur des souris. Ils se sont concentrés sur les neurones du facteur de libération de la corticotrophine (CRF), situés dans le noyau paraventriculaire de l’hypothalamus et qui jouent un rôle dans la réponse au stress. Ils ont étudié comment le sommeil et l'éveil chez les souris seraient affectés lorsque les neurones CRF sont activés.
Contrôler le cycle éveil/sommeil
Les résultats indiquent que les neurones CRF activés maintiennent les animaux éveillés et les font se déplacer rapidement, ce qui indique que leur état d'éveil est favorisé. Les chercheurs ont également observé que les neurones CRF restaient actifs lorsque les souris étaient éveillées, et que lorsque l'activité des neurones était inhibée, l'éveil et les activités locomotrices des animaux étaient réduits.
Des recherches antérieures avaient déjà montré que les neurones inhibiteurs du noyau suprachiasmatique, appelés neurones GABAergiques, jouaient un rôle important dans la régulation de l'activité des neurones CRF. Ainsi, cela stimule les neurones dans l'hypothalamus latéral, ce qui nous conditionne à rester éveillé. Selon les conclusions des chercheurs, les neurones GABAergiques du noyau suprachiasmatique contrôlent les neurones de facteur de libération de la corticotrophine, ce qui régule en fin de compte notre cycle éveil/sommeil.
“Nous avons identifié cette voie neurale chez les souris, qui sont des animaux nocturnes. Des études supplémentaires sont nécessaires pour élucider comment la différence nocturne et diurne est régulée dans le cerveau. Dans la société actuelle, les troubles du sommeil sont un problème grave. Nous espérons que notre découverte contribuera au développement de nouvelles thérapies pour l'insomnie et d'autres troubles du sommeil causés par le stress ou un rythme circadien perturbé”, conclut Daisuke Ono.