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Covid-19 : l’Angleterre approuve le vaccin de Pfizer et BioNTech malgré des zones d’ombre

Par Jean-Guillaume Bayard

L’Angleterre est le premier pays à autoriser “à partir de la semaine prochaine” le vaccin qui sera disponible, a annoncé un porte-parole du ministre de la santé. Malgré ce top départ mondial, de nombreuses interrogations demeurent, de la contagiosité des personnes vaccinées au manque de recul sur d'éventuels effets secondaires.

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L’Agence européenne du médicament rendra son avis avant le 29 décembre sur la commercialisation du vaccin.
Malgré le vaccin, il est possible d'être encore contagieux et de pouvoir transmettre le virus.
La question des effets secondaires reste centrale et est posé en argument numéro 1 par les anti-vaccins.

Le Royaume-Uni a donné le top départ mondial des vaccinations contre la Covid-19 en autorisant le vaccin développé par l’américain Pfizer et l’allemand BioNTech qui a montré une efficacité à 90%. “Le vaccin sera disponible dans tout le Royaume-Uni à partir de la semaine prochaine”, a annoncé un porte-parole du ministère de la santé ce mercredi. L’Agence européenne du médicament rendra elle son avis avant le 29 décembre sur la commercialisation du vaccin. En France, une campagne de vaccination grand public est envisagé “entre avril et juin”, selon l’Élysée.

Vacciné mais toujours contagieux ?

Cette annonce sur le lancement de la vaccination ne cache pas les interrogations qui entourent les différents vaccins. L’une des plus importantes concerne la contagiosité. Une personne vaccinée pourrait-elle être contagieuse ? Lors de la présentation de ses recommandations sur la stratégie vaccinale, la Haute Autorité de Santé (HAS) a concédé ne pas être sûre de la réponse précisant qu'il manque “encore des données à ce sujet”. Ce qui est certain, pour le moment, c’est que les injections permettent d’éviter les formes graves. “Le vaccin stoppe la maladie au niveau des poumons mais pas forcément l'entrée du virus dans le corps, c'est là le problème”, poursuit le Pr Daniel Floret, vice-président de la commission technique des vaccinations, au Parisien.

Il serait donc possible que des personnes vaccinées soient infectées par le virus, développent des symptômes et soient contagieuses. “Pour vous donner une image, si vous avez 100 particules virales et qu'il en bloque 80, il en reste 20, vous pouvez donc avoir quelques symptômes, explique Bruno Pitard, directeur de recherche au CNRS et expert du sujet de l'efficacité du vaccin. Si vous allez au cinéma et que vous toussez à côté d'une personne sans masque, il est possible de la contaminer.” Cette probabilité reste faible, ajoute-t-il, et les risques de transmission seront bien plus faible.

Les effets secondaires, à l’origine de la crainte des anti-vaccins 

La question des effets secondaires se posent également alors que les essais cliniques ont été menés à toute vitesse afin de rendre le vaccin disponible le plus vite possible. Selon un sondage BVA pour Europe 1, publié le 23 novembre, la peur de ces effets secondaires constitue le premier argument des personnes qui ne souhaitent pas se faire vacciner. “On connaît encore très peu de données scientifiques sur les effets secondaires des vaccins contre le Covid-19. Pour l’instant, les laboratoires ont peu communiqué”, constate Bruno Pitard à Ouest France. Les données disponibles sur les premières phases des essais cliniques présentent quelques effets secondaires potentiels : fièvre, fatigue, douleurs musculaires ou articulaires. D’autres pourraient intervenir plus tard mais la plupart du temps, les effets secondaires se manifestent dans les 40 jours suivant l’injection et ont donc pu être contrôlés par les scientifiques.

Il reste encore le cas des effets secondaires rares qui, eux, ont pu passer inaperçus. “C’est le problème des statistiques du grand nombre. Imaginons un problème très rare d’une fréquence de 1 pour 100 000 vaccins. Les tests ne le révéleront pas vu qu’ils portent sur 40 000 personnes par exemple pour les phases 3. Or sur 1 milliard de vaccinés, un tel cas rare, potentiellement grave, peut concerner tout de même 10 000 personnes”, avance Bruno Pitard.

Le spray nasal, mieux que le vaccin ? 

En complément des futurs vaccins, des alternatives se développent. Parmi elles, le spray nasal fait son chemin. La méthode, développée par des chercheurs de l’université de Pennsylvanie en partenariat avec la biotechnologie Regeneron, pourrait protéger contre le virus pendant six mois avec simplement une seule dose. Ce spray repose sur le principe de la thérapie génique en introduisant du matériel génétique dans des cellules amenées à produire de puissants anticorps qui empêcheraient les infections au nouveau coronavirus. L'avantage de notre approche est que vous n'avez pas besoin d'avoir un système immunitaire qui fonctionne parfaitement pour que ce soit efficace, s’est félicité le professeur James Wilson, en charge du projet. Les chercheurs mènent actuellement leurs essais sur des animaux et espèrent débuter ceux sur l’Homme d’ici janvier.