C’est un geste que les parents connaissent bien. Effectuer un mouvement de balancier et les vibrations de la route lors d’un long trajet en voiture sont deux techniques pour endormir un enfant. Ces stimuli doux et répétitifs bercent les plus jeunes et les incitent à dormir. Dans une étude parue le 1er décembre dans la revue Cell Reports, des chercheurs de l’université Thomas Jefferson (Etats-Unis) ont émis l’hypothèse que ces vibrations nous endorment grâce à "l’habituation", soit la forme la plus simple de l’apprentissage.
Un comportement animal
Le mécanisme d’endormissement grâce au mouvement de balancier n’est pas propre à l’espèce humaine. Les mouches à fruits, ces petits insectes qui volent et marchent généralement à la surface des fruits sucrés, fonctionnent de la même manière. Avec leur étude, les chercheurs ont découvert que les mouches se servent également de ce système pour dormir. Grâce aux vibrations qu’elles peuvent émettre et qui les bercent, elles sont moins sensibles que les autres aux impulsions lumineuses. De plus, ces vibrations leur permettent d’avoir un sommeil de meilleure qualité, ce qui les rend plus alertes une fois éveillées.
“Les bébés aiment être bercés pour dormir, mais les mécanismes neuronaux qui sous-tendent ce phénomène bien connu restent en grande partie un mystère. Nous voulions établir la mouche à fruits comme un modèle pour étudier les mécanismes d'induction du sommeil par stimulation mécanique”, explique Kyunghee Koh, professeure associée de neurosciences à l'Institut Vickie & Jack Farber pour les neurosciences et au Centre de biologie synaptique de l'université Thomas Jefferson et autrice principale de l'étude.
Une accoutumance au mouvement
Notons que les vibrations rendent les mouches plus actives que d'habitude, mais que cet effet finit par les endormir progressivement. De plus, elles s'endorment mieux lorsque l'exposition aux vibrations est répétée plusieurs fois, ce qui implique une accoutumance chez elles. “Les mouches apprennent avec le temps que les vibrations ne sont pas menaçantes, ce qui diminue leur réaction à la stimulation qui les rendrait autrement alertes”, souligne Kyunghee Koh.
Il est impossible de savoir pour l’instant si un mécanisme similaire n’est pas en place chez l’être humain, mais cela ne serait pas saugrenu. Cela pourrait très bien s’expliquer par un réflexe provenant de nos ancêtres nomades, qui comme la mouche, ont compris qu’un mouvement répétitif n’était pas forcément signe de danger.