La réussite professionnelle ne dépend pas uniquement de son travail mais également de sa personnalité. Les jeunes qui réussissent à développer des niveaux plus élevés de conscience et de stabilité émotionnelle pendant la transition vers l'emploi ont tendance à avoir plus de succès dans certains aspects de leur début de carrière. C’est ce qu’a révélé une nouvelle étude réalisée sur 12 ans par des chercheurs de l’université de Houston et présentée dans la revue Psychological Science le 23 novembre dernier.
Prédire le développement de la carrière en fonction de la personnalité
Cette étude est la première à évaluer le pouvoir prédictif des changements de personnalité sur les résultats des premières années de carrière de jeunes actifs. “Les résultats ont révélé que certains modèles de croissance de la personnalité prédisaient des résultats de carrière au-delà de la personnalité et des capacités des adolescents”, résume Kevin Hoff, professeur adjoint de psychologie industrielle et organisationnelle à l'Université de Houston. Pour les adolescents qui ont connu des difficultés et qui ont une personnalité émotionnelle instable, l’étude révèle que cela n’est pas définitif. “L'étude a montré que vous n'êtes pas seulement coincé avec vos traits de personnalité, et si vous changez avec le temps de manière positive, cela peut avoir un impact important sur votre carrière”, confirme le chercheur.
Les chercheurs ont étudié des jeunes islandais pendant 12 ans, de leurs 17 ans à leurs 29 ans. Ceux qui ont connu les meilleurs débuts de carrière ont développé une plus grande croissance de leur conscience, une meilleure stabilité émotionnelle et extraversion. Plus précisément, les changements de conscience ont prédit la satisfaction professionnelle, les changements de stabilité émotionnelle ont été étroitement liés au revenu, et les changements d'extraversion ont été liés à la carrière. “Les niveaux de traits des adolescents prédisaient également la réussite professionnelle, mettant en évidence le pouvoir prédictif à long terme de la personnalité, a poursuivi Kevin Hoff. Dans l'ensemble, les résultats soulignent l'importance du développement de la personnalité tout au long de l'enfance, de l'adolescence et du jeune âge adulte pour promouvoir différents aspects de la réussite professionnelle.”
L’émotion, produit de notre environnement
Ces émotions, sont-elles innées ou sont-elles le fruit de notre environnement ? Des chercheurs français appuient l’idée qu’elles sont le produit de notre culture et de notre environnement et qu’elles se construisent progressivement. Dans une étude publiée dans la revue Brain le 22 novembre, ils ont montré que nos expériences et notre environnement enrichissent des concepts appris dans l’enfance, associés à nos sensations physiques, qui “forment” nos émotions.
En étudiant 16 patients atteints d’une maladie neurodégénérative rare, la “démence sémentique”, avec l’aide de l’imagerie cérébrale, ils ont suggéré une corrélation étroite entre la perte de mémoire des connaissances conceptuelles et la difficulté à reconnaître les émotions. “Les patients ont des difficultés à mobiliser ce qu’ils ont appris tout au long de la vie, par exemple à se rappeler que Paris est la capitale de la France, poursuit Maxime Bertoux, chercheur au laboratoire “Neuropsychologie et imagerie de la mémoire humaine” à l’université de Caen, dans un communiqué publié par l’Inserm, associé à l’étude. Ils ont aussi une incapacité à identifier les objets du quotidien et à se rappeler leur fonctionnement ou leur utilité, ou encore à comprendre le sens des mots. Cependant, la dégradation des connaissances conceptuelles associée à cette maladie ne devrait pas avoir d’impact sur la capacité des patients à connaître et à reconnaître les émotions, si celles-ci sont réellement innées.”
Nos connaissances conceptuelles et du langage ont un rôle déterminant
Les patients ont été testés sur leurs connaissances conceptuelles de quatre émotions : la colère, la fierté, la surprise et l’embarras. Les résultats ont été comparés avec ceux de participants sains et révèlent que la mémoire conceptuelle des émotions est plus dégradée chez les participants souffrant de démence sémantique. “En moyenne, ces patients étaient par exemple moins capables de donner ou de choisir le synonyme correct d’une émotion particulière mais aussi de sélectionner le contexte approprié dans lequel on peut s’attendre à la ressentir, ont écrit les chercheurs. Ils avaient également une plus grande difficulté à reconnaître les états émotionnels exprimés par d’autres individus, que ceux-ci soient positifs ou négatifs, présentés en photographie ou en vidéo.”
Grâce à l’imagerie cérébrale, les chercheurs ont identifié les réseaux neuronaux cérébraux mobilisés au cours des exercices. Il s’avère que le même réseau est activé lors des tâches de reconnaissance des émotions faciales et des tâches de mobilisation des connaissances conceptuelles sur les émotions. “Notre étude souligne l’intrication forte de processus neurocognitifs ‘affectifs’, liés à la reconnaissance des émotions, et ‘conceptuels’ qui étaient supposément distincts, détaille Maxime Bertoux. Nous montrons que nos connaissances conceptuelles et notre connaissance du langage ont un rôle déterminant dans la manière dont nous percevons les émotions. Cela nous permet d’apporter de nouveaux éléments pour confirmer la théorie constructionniste des émotions : nous construirions culturellement nos émotions depuis l’enfance.”