- Les critiques, insultes, discriminations et moqueries sur les réseaux sociaux touchent particulièrement les jeunes.
- Les hommes sont plus affectés par ces critiques que les femmes, à plus forte raison s'ils font partie d'une minorité ethnique.
Sous leur apparence insensible, les hommes seraient affectés par les insultes et les discriminations subies sur les réseaux sociaux, à plus forte raison lorsqu’ils appartiennent à une minorité ethnique. C’est le constat d’une étude menée par des chercheurs du Collège de santé publique Robert Stempel et de l’université de Floride (Etats-Unis). Les résultats ont été publiés dans le Journal of Clinical Psychology.
La caisse de résonance des réseaux sociaux
L’année 2020 a été particulière à bien des égards. A cause de la pandémie bien sûr, mais également pour les combats de justice sociale qui ont émaillé ces douze derniers mois. Les questions de l’origine ethnique, des représentations dans l’histoire et dans la culture des minorités ethnique ainsi que les violences policières ont été largement débattues. Comme tout phénomène prenant place dans la vie réelle, ce débat exacerbé par les réseaux sociaux, qui servent de caisse de résonance. Si des messages positifs ont pu filtrer, ce sont surtout les insultes et les propos haineux qui ont occupé une grande partie de la scène. C’est ce qui intéresse les chercheurs.
L’étude s’est basée sur 200 jeunes adultes hispaniques âgés de 18 à 25 ans venant de Floride et d'Arizona. Les chercheurs ont constaté que, lors de l’exposition sur les réseaux sociaux à des messages, des photos ou des vidéos comportant une discrimination ethnique, les participants ressentaient des niveaux plus élevés de dépression et d’anxiété.
“Lorsque les participants étaient exposés à la discrimination ethnique sur les réseaux sociaux, directement ou par l'intermédiaire de la page d'un ami, nous avons constaté que cela avait des effets néfastes sur leur santé mentale souligne Miguel Ángel Cano, professeur d’épidémiologie au collège de santé publique Robert Stempel. Une vidéo ou un mème viral ne vous est peut-être pas toujours destiné, mais lorsque vous voyez quelqu'un discuter publiquement de votre groupe social ou ethnique de manière négative ou désobligeante, cela peut malheureusement avoir un effet négatif sur la santé mentale.”
Un manque de repères
Les hommes qui ont participé à l'étude ont été beaucoup plus affectés que les femmes par l’exposition à la discrimination ethnique sur les réseaux sociaux. Selon Miguel Ángel Cano, si la gent masculine a pris plus à cœur ces remarques, c’est à cause des stéréotypes auxquels elle doit faire face.
“Les hommes peuvent être plus affectés par la discrimination ethnique sur les réseaux sociaux car il est probable qu'ils sont exposés à des formes plus flagrantes de contenu raciste/discriminatoire qui dépeignent spécifiquement les hommes. Par conséquent, cela peut avoir chez eux un écho plus fort ou plus durable, et cela peut également menacer leur concept de masculinité et leur perception du statut social et du pouvoir.”
Bien avant cela, des études avaient déjà montré que les symptômes relatifs à la dépression et à l’anxiété étaient plus importants chez les adolescents et les jeunes adultes. Compte tenu de l’utilisation massive des réseaux sociaux chez les 18-25 ans, les contenus échangés sur Internet, à plus forte raison lorsqu’ils sont discriminants, se trouvent amplifiés dans l’esprit des jeunes, ce qui accroît le risque de développer des troubles mentaux.