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Journées dermatologiques de Paris

Dermatologie : pourquoi les peaux noires se traitent différemment des autres

Par La rédaction

Lors d’une conférence consacrée à la dermatologie de la peau noire, des professionnels de santé ont partagé avec leurs collègues les bonnes pratiques à suivre pour renforcer l'exactitude des diagnostics sur peau foncée. Si certaines maladies touchent les individus indépendamment de leur couleur de peau, certains signes restent difficilement détectables chez les personnes noires pour des praticiens non avertis.

iStockphoto.com/Holubenko Nataliia
Les peaux noires ne réagissent pas de la même manière que les peaux blanches.
A cause de leur forte pigmentation, il est possible que les professionnels de santé mettent du temps avant de déceler une maladie, voire de poser le bon diagnostic.
Un diplôme universitaire sur la médecine de diversité vient d'ouvrir ces portes afin de sensibiliser les professionnels de santé aux problématiques rencontrées par chaque origine ethnique.

En dermatologie, les peaux noires ne réagissent pas de la même manière que les autres. A l’occasion des Journées dermatologiques de Paris qui se sont tenus virtuellement du 1er au 5 décembre 2020, des professionnels de santé sont revenus ces distinctions et la prise en charge à adopter. 

Des erreurs de diagnostic par méconnaissance

Si les dermatoses sont fréquentes quelle que soit la couleur de la peau et possède des natures similaires, il est souvent délicat pour un praticien non averti de poser le bon diagnostic. Ainsi, sur les peaux noires, il est compliqué de distinguer la nécrose d’une partie du corps avec un mélanome par exemple, car dans les deux cas, la noirceur de la peau peut paraître similaire. “Sur peau noire, les mélanomes sont principalement des mélanomes acro-lentigineux, comme chez les personnes asiatiques”, détaille Emilie Baubion, dermatologue au CHU de Martinique.

Si cette distinction est aussi complexe à faire pour les dermatologues, c’est parce qu’ils s’attachent à avoir une approche globale de la maladie, et non spécifique à un type de peau en particulier. Pourtant, les origines ethniques influent sur la santé, car nous ne sommes pas tous armés de la même manière pour faire face à la maladie. Durant la conférence, le professeur Antoine Mahé, dermatologue et vénérologue à Colmar, a insisté sur le fait qu’il fallait “adapter, lorsque cela était nécessaire, la prise en charge des patients en fonction de leurs origines ethniques, de façon à obtenir une universalité de la qualité de soin”. 

A cause de leur pigmentation plus foncée, les peaux noires sont plus difficiles à appréhender. Par exemple, la difficulté d’appréciation d’une rougeur cutanée sur une peau foncée est une réalité qui peut fausser le diagnostic. Dans leurs échanges, les dermatologues se sont particulièrement penchés sur les cas de cancers cutanés. S’ils sont plus rares chez les peaux noires grâce à la meilleure barrière UV conférée par la pigmentation, ils sont également plus sévères lorsqu’ils sont découverts, notamment à cause du retard de diagnostic.

Une médecine de la diversité

C’est par tous ces aspects que les dermatologues présents à cette conférence militent pour une approche beaucoup plus globale de la santé. Comme d’autres domaines, les professionnels de santé peuvent avoir des limites sur certaines pathologies ou types de populations, ainsi qu’une absence de référentiel réel de ces problèmes dans leur patientèle. 

La conférence a notamment été l’occasion de présenter la création cette année d’un diplôme universitaire sur la médecine de la diversité à la faculté de médecine de Strasbourg et coordonné par Antoine Mahé. Le but de cette formation est d’améliorer les compétences des médecins dans tous les domaines, et pas uniquement en dermatologie. Avec l’essor des mouvements internationaux de populations et la mondialisation, cette nouvelle approche consistant à chercher des solutions en fonction des origines ethniques sera de plus en plus plébiscitée.