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Rapport de l'Insee

En France, les inégalités en matière de santé commencent dès la petite enfance

Par Mathilde Debry

Grossesse, alimentation, activité physique, écrans... En France, des inégalités de santé se développent dès la petite enfance. 

comzeal / istock.
94% des femmes cadres déclarent ne pas avoir fumé pendant leur grossesse, contre 66 % des ouvrières.
Les enfants de familles favorisées ont une alimentation meilleure pour la santé, pratiquent plus souvent une activité sportive extra‑scolaire et passent moins de temps devant les écrans.
En revanche, à la sortie de l’adolescence, la consommation de substances psychoactives, en particulier de boissons alcoolisées, est plus fréquente dans les milieux sociaux favorisés, à l’exception du tabagisme quotidien.

"Les inégalités sociales de santé apparaissent avant la naissance et se creusent durant l’enfance", constatent les experts de l’Insee dans un nouveau rapport. Cette tendance est contrecarrée à la sortie de l’adolescence, où les enfants favorisés consomment plus d’alcool et plus de drogues.

L’Insee constate d’abord des différences de suivi prénatal et de comportements à risque pour l’enfant à naître. Ainsi, 94% des femmes cadres déclarent ne pas avoir fumé pendant leur grossesse, contre 66 % des ouvrières. Dès la petite enfance, des inégalités de santé se développent. À 6 ans, les enfants de milieu social modeste sont plus souvent en surcharge pondérale et celle‑ci persiste plus nettement au cours de l’enfance et de l’adolescence.

Les enfants de familles favorisées ont une alimentation meilleure pour la santé

Les habitudes de vie, les facteurs culturels et économiques, ainsi que l’exposition environnementale contribuent à creuser les inégalités de santé durant l’enfance. Ainsi, les enfants de familles favorisées ont une alimentation meilleure pour la santé, pratiquent plus souvent une activité sportive extra‑scolaire et passent moins de temps devant les écrans.

En 2015, 8% des enfants de cadres contre 16% des enfants d’ouvriers en CM2 passent au moins deux heures par jour devant un écran en semaine. Consulter un dentiste à titre préventif est moins fréquent chez les enfants de familles modestes et, en CM2 comme en troisième, les élèves en éducation prioritaire ont deux fois plus souvent que les autres des troubles non corrigés de la vision de loin (10 % contre 5 % hors éducation prioritaire en troisième en 2017).

La consommation de substances psychoactives est plus fréquente dans les milieux sociaux favorisés

En revanche, à la sortie de l’adolescence, la consommation de substances psychoactives, en particulier de boissons alcoolisées, est plus fréquente dans les milieux sociaux favorisés, à l’exception du tabagisme quotidien. À 17 ans, les adolescents issus de familles favorisées se perçoivent aussi plus souvent en bonne santé que ceux de familles défavorisées.

"Les inégalités sociales de santé sont déjà bien ancrées à l’entrée dans la vie adulte et auront des conséquences sur la santé tout au long de la vie, notamment en raison du développement de facteurs de risque", concluent les analystes.