Depuis un an, les additifs à base de nitrites et de nitrates dans l’alimentation, principalement dans la charcuterie, sont sous le feu des projecteurs. La Ligue contre le cancer, l'association Foodwatch et l'application nutritionnelle Yuka ont alors lancé une pétition pour tout simplement interdire ces additifs, pétition qui a fait son chemin. Elle a atteint plus de 210 000 signataires et ses auteurs ont révélé avoir subi une pression de la part de la Fédération française des industriels charcutiers traiteurs (Fict).
Des milliers de cancers colorectaux imputables au nitrite
Les sels nitrités font désormais l’objet d’une mission d’information parlementaire à l'Assemblée Nationale. Le corapporteur de cette mission est le député MoDem Richard Ramos. Il s’en défend auprès du Journal du Dimanche. “J'adore la bonne cochonnaille et je ne suis pas anti-industrie. Mais, en tant que défenseur d'une bonne santé même pour les plus humbles, je ne lâcherai rien.” La remise du rapport, coécrit avec l'élue MoDem Michèle Crouzet et la députée LREM Barbara Bessot Ballot, est prévue pour mi-janvier avant quoi sera déposée une proposition de loi “visant à protéger les consommateurs contre les dangers des nitrites”. Le texte est prévu pour être examiné dans l’hémicycle le 28 janvier prochain.
Au total, ce sont environ 3 000 morts chaque année de cancers du côlon qui sont imputables aux nitrites. Interrogé au début de la mission, Bernard Vallat, président de la Fict, a nié cet état de fait avant de se résoudre à avouer “1 200 cancers colorectaux par an”. Ces aveux sont, pour Richard Ramos, une première victoire en vue d’interdire ces additifs. “Malgré l'immense travail d'enquête historique effectué par le réalisateur Guillaume Coudray, notre conviction n'était pas faite. Nous ne sommes pas scientifiques, nous avons cherché à comprendre. Aujourd'hui, c'est clair : il y a un danger réel”, affirme-t-il au JDD.
Un enjeu économique
Pour Axel Kahn, président de la Ligue contre le cancer et récemment interrogé par Pourquoi docteur, l’enjeu est économique. “Les industriels s’en prennent à Yuka car c’est l’application qui leur fait le plus de tort, en notant mal les charcuteries nitritées, ce avec quoi nous sommes totalement d’accord. Je pense qu’ils ont dû avoir des pressions d’industriels étrangers, notamment des lobbys d’une extrême puissance que sont les fabricants de bacon. Ce sont dans l’ensemble des petites firmes, pour qui changer de formule de fabrication de leurs produits pose des problèmes financiers. Les nitrites multiplient notamment par cinq la vitesse de la maturation.”