ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Résistance aux antibiotiques : le Haut conseil lance l'alerte

Nouvelles recommandations

Résistance aux antibiotiques : le Haut conseil lance l'alerte

Par Bruno Martrette

La lutte contre les bactéries hautement résistantes aux antibiotiques est une urgence. Le Haut conseil de la santé publique vient de renforcer ses recommandations. 

DURAND FLORENCE/SIPA

Les bactéries hautement résistantes aux antibiotiques (BHRe) inquiètent ! En effet, « compte tenu de l'évolution récente de l'épidémiologie des BHRe émergentes, le risque est, à court terme de ne plus pouvoir traiter efficacement les patients infectés par ces agents infectieux. » C'est ce constat alarmant qui a conduit ce jeudi le Haut conseil de la santé publique (HSCP) a émettre de nouvelles recommandations. Le but de ces mesures, prévenir la transmission de ces bactéries.

Car le contexte est pour le moins inquiétant. Dans son rapport, le HCSP explique qu' « à l’échelle nationale, les BHRe restent émergentes en France. » Mais, il considère par ailleurs que, « l'évolution de la résistance peut être très rapide. » Pour preuve, l'augmentation de la résistance aux carbapénèmes chez Klebsiella pneumoniae en Italie, qui est passée de 1,3 % en 2009 à 26,7 % en 2011. De plus, ces experts pointent du doigt l'absence de données pour certains pays ou leur mauvaise qualité dans d'autres cas.

Alors, pour tenter de réduire le risque d'impasse thérapeutique éventuel, le HCSP propose des solutions. Les recommandations énoncées dans le rapport reposent sur une double stratégie.
D'une part, le Haut conseil préconise une réduction de la prescription des antibiotiques. Un rappel important quant on se souvient qu'un rapport publié en juin par l’Agence du médicament (Ansm) indiquait que la consommation d'antibiotiques des Français avait augmenté de près de 3% ces 5 dernières années.
D'autre part, il mise sur une prévention renforcée en s'intéressant aux personnes potentiellement porteuses de ces BHRe. Mais comment ? Tout d'abord, « en considérant tout rapatriement sanitaire ou tout antécédent d'hospitalisation à l'étranger comme potentiellement à risque. »
En outre, le HCSP recommande la mise en place d'un système d'alerte rapide. Chaque établissement de santé dans chaque région devra s'équiper d’une filière de prise en charge de ces patients BHRe. Cela aussi bien pour « les cas avérés » que pour « les personnes en contact. » 

Enfin, le Haut Conseil souhaite qu'une attention particulière soit portée au respect des précautions d'hygiène, et particulièrement à la gestion des matières fécales et des urines avec des moyens matériels en bassins, lave-bassins adaptés, mais aussi en supprimant les douchettes parfois utilisées pour la gestion de ces bassins. « La maîtrise de l’environnement de ces patients ou résidents au sein des établissements concernés est primordiale. Elle repose sur des protocoles de bionettoyage validés, respectés par des professionnels formés et reconnus pour ces tâches, ceci concerne les locaux et les matériels partagés », conclut le HCSP.