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Cécité

Demain, il sera possible de soigner le glaucome avec de l’hydrogel

Par La rédaction

En injectant de l’hydrogel dans l’œil, il serait possible de créer une ouverture capable de laisser s’écouler le trop-plein de liquide des globes oculaires des personnes atteintes de glaucome. 

iStockphoto.com/PALMIHELP
Grâce à l'hydrogel injecté dans une cavité de l'œil, il est possible de faire s'écouler le trop-plein qui crée la pression intraoculaire.
Ce traitement, toujours à l'étude, pourrait soigner le glaucome pendant six mois.
Le glaucome touche 75 millions de personnes dans le monde et représente la première cause de cécité irréversible.

Une pression excessive à l’intérieur des globes oculaires peut rendre une personne aveugle. C’est ce qui se produit dans le glaucome, une maladie dégénérative qui provoque la cécité à cause d’une pression intra-oculaire trop élevée. Des chercheurs de l’université d’Emory (Etats-Unis) ont trouvé le moyen de réduire cette pression et de soigner le glaucome sur une période assez longue. Les résultats ont été publiés le 7 décembre 2020 dans la revue Advanced Science. 

Jusqu'à 75 millions de personnes dans le monde sont atteintes de glaucome, qui est la principale cause de cécité irréversible. Les dommages causés par cette maladie sont dus à une surpression dans l'œil qui endommage le nerf optique. Les traitements actuels tentent de réduire cette pression intra-oculaire grâce à l'application quotidienne de gouttes oculaires, ou par la chirurgie ou l'implantation de dispositifs médicaux, mais ces traitements sont souvent peu efficaces.

Le Saint-Graal pour le glaucome est un moyen efficace de réduire la pression qui ne repose pas sur le fait que le patient mette des gouttes dans ses yeux tous les jours, ne nécessite pas une opération compliquée, a des effets secondaires minimes et présente un bon profil de sécurité, indique Ross Ethier, professeur en bio-ingénierie à l’université d’Emory. Je suis enthousiaste à propos de cette technique, qui pourrait changer la donne dans le traitement du glaucome.

Une injection pour fluidifier la sortie des liquides

Pour cette recherche, les travaux ont été menés sur des animaux. Ross Ethier et son équipe ont mis au point une minuscule aiguille creuse capable d'injecter une préparation polymère dans une structure située juste sous la surface de l'œil, appelée espace suprachoroïdal (SCS). À l'intérieur de l'œil, la solution se transforme chimiquement pour devenir de l'hydrogel, qui maintient ouvert un canal dans le SCS, permettant ainsi au trop-plein à l'intérieur de l'œil de s'écouler progressivement. 

En temps normal, il existe deux voies par lesquelles le liquide de l'humeur aqueuse quitte l'œil. La voie principale passe par une structure connue sous le nom de maillage trabéculaire, qui est située à l'avant de l'œil. La voie secondaire passe par le SCS, qui ne présente normalement qu'un tout petit espace. En présence de glaucome, la voie principale est bloquée, de sorte que pour réduire la pression, des traitements sont créés pour ouvrir la voie secondaire suffisamment pour permettre au trop-plein de s’écouler. “En ouvrant cet espace, nous empruntons une voie qui, autrement, ne serait pas utilisée efficacement pour éliminer le liquide de l’œil”, explique Mark Prausnitz, titulaire de la chaire d’ingénierie chimique et biomoléculaire à Georgia Tech. 

Rendre le traitement plus efficace dans le temps

Cette injection ne prendrait que quelques minutes et permettrait de réduire la pression au niveau des yeux pendant quatre mois. L’objectif pour les chercheurs est maintenant de rendre ce traitement efficace pendant six mois, afin de n’avoir que des soins semestriels à réaliser. Toutefois, si les résultats sur les animaux se sont montrés concluants, d’autres tests sont encore à prévoir avant de passer aux essais sur l’être humain. 

L’idée d'avoir un traitement unique qui dure six mois serait particulièrement utile pour ceux dont l'accès aux soins de santé n'est pas optimal. Le fait de disposer d'une thérapie à action prolongée présenterait un avantage supplémentaire en période de pandémie ou d'autres perturbations, lorsque l'accès aux soins de santé est plus difficile”, conclut Ross Ethier.