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La fièvre des tranchées, cette maladie qui inquiète les Canadiens

Par La rédaction

Cette maladie transmise par les poux était courante lors de la Première Guerre mondiale, à cause des conditions d’hygiènes rudimentaires des soldats dans les tranchées. Aujourd’hui, elle réapparaît dans le centre du Canada, en lien avec la misère sociale.

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Les poux de corps sont responsables de la fièvre des tranchées, une maladie découverte lors de la Première Guerre mondiale.
Elle résulte d'un manque d'hygiène et d'une grande précarité et est extrêmement invalidante.

C’est le genre de pathologie qui peut rendre la vie insupportable. Au même titre que les punaises de lit qui font vivre un enfer aux personnes qui en ont chez eux, les poux de la peau ne laissent aucun répit à leurs porteurs. A Winnipeg, dans le centre du Canada, les cas de fièvre des tranchées se multiplient. Cette maladie, que l’on croyait quasiment éradiquée, a refait surface.

Une maladie connue depuis la Première Guerre mondiale

La fièvre des tranchées tire son nom de la Première Guerre mondiale. Elle était présente chez les Poilus qui se battaient dans les tranchées et qui n’avaient pas accès à des moyens suffisants pour se laver. Elle est due à la bactérie Bartonella quintana, qui se développe grâce au manque d’hygiène et la promiscuité avec les excréments. La Bartonella quintana arrive jusqu’à l’être humain grâce aux poux de corps, ses hôtes naturels.

Si la fièvre des tranchées a frappé au moins un million de combattants au cours de la Première Guerre mondiale, son existence est plus marginale aujourd’hui grâce à l’amélioration des conditions de vie et un accès facilité à une meilleure hygiène. Cependant, on la retrouve sporadiquement chez les sans abri, les personnes en situation d’itinérance ou de grandes précarités. Les poux de corps se nichent principalement dans les vêtements et viennent sucer le sang des humains, ce qui entraîne la fièvre.

Une maladie de la misère sociale

Cette fièvre causée par les poux de peau est brutale avec des symptômes grippaux sévères associés à des vertiges et des maux de tête. Les malades présentent également des douleurs au niveau des tibias qui se réveillent surtout la nuit, ce qui empêche le sommeil.

Les épisodes fiévreux durent pendant cinq jours avant de se mettre en sommeil et revenir juste après, et peuvent durer ainsi jusqu’à six semaines. De son côté, la Bartonella quintana peut rester dans le sang du porteur pendant plusieurs années. Heureusement, cette maladie peut être soignée avec une cure d’antibiotique longue, un rehaussement de l’hygiène corporelle et le lavage systématique des vêtements à 60°C. 

Pour Carl Boodman, le médecin spécialisé dans les maladies infectieuses et microbiologiques qui a observé une recrudescence à Winnipeg, il faut faire attention à cette maladie qui serait sous diagnostiquée. “Certes, on peut la traiter avec des antibiotiques, mais le problème est que les symptômes sont assez vagues, mais si on ne fait rien, il peut y avoir des conséquences très graves avec une mortalité assez élevée. L’idée, c’est de trouver ces cas avant ces complications graves. C’est vraiment une tragédie parce que cela souligne les conditions de vie des personnes sans abri, et on a vraiment une responsabilité collective pour améliorer ces conditions.”  

La maladie des tranchées peut être vue comme un bon indicateur des fractures dans la société, notamment en ce qui concerne les conditions d’hygiène. “C’est une maladie qui est liée à un manque de logements abordables, d’accès aux refuges ou à la lessive. Ce indique qu’il y a un déclin dans les conditions de vie,” conclut le médecin.