Nous ne sommes pas tous égaux face à la maladie, à plus forte raison lorsqu’elle est mortelle. Une chercheuse de l’Institut Karolinska (Suède) a découvert un lien entre la sévérité du paludisme et la condition physique. Les personnes obèses et les diabétiques ont plus de chance de contracter une forme grave du paludisme qu’une personne avec un poids normal et en bonne santé. Les résultats de sa thèse ont été publiés par l’Institut Karolinska.
Le paludisme, aussi appelé malaria, est une maladie infectieuse qui se transmet par l’intermédiaire d’un moustique, l’anophèle, dont seules les femelles sont des vecteurs. Les principaux parasites responsables de cette maladie, les Plasmodium falciparum et Plasmodium vivax, ont besoin des moustiques pour se reproduire. Une fois passé dans la circulation sanguine de l’être humain, le parasite fait exploser les globules rouges. Cette maladie sévit dans les régions tropicales avec un fort taux d’humidité. Les régions les plus touchées par le paludisme sont l’Afrique subsaharienne et le sous-continent indien. Selon les chiffres avancés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le paludisme aurait contaminé 229 millions de personnes dans le monde en 2019 et en aurait tué 409 000.
Les maladies chroniques offrent une moindre résistance
Pour vérifier si les personnes atteintes de maladies chroniques sont plus fragiles que les autres face au paludisme, la docteure en maladies infectieuses, Katja Wyss, a réuni les données cliniques de 3 000 cas diagnostiqués pendant vingt ans, entre 1995 et 2015. Elle y a observé que personne n'est complètement immunisé contre le paludisme, mais les personnes vivant dans des pays où le paludisme est endémique développent souvent une immunité contre le paludisme grave.
De plus, les personnes qui ont grandi en Afrique subsaharienne et qui viennent dans un pays où le paludisme n’est pas perdent progressivement cette immunité. A terme, elles courent le même risque de contracter un paludisme grave que les voyageurs qui ne seraient pas nés en Afrique.
“Nous avons examiné les conditions médicales sous-jacentes comme facteur de risque de paludisme grave et avons constaté que les personnes souffrant de maladies chroniques, en particulier de facteurs de risque inclus dans le syndrome métabolique comme l'obésité — définie comme un IMC supérieur à 30 — et le diabète, sont plus exposées au risque de paludisme grave, indique Katia Wyss. En outre, nous avons constaté un risque plus élevé de paludisme grave chez les voyageurs de plus de 60 ans et les migrants nouvellement arrivés.”
Une immunité qui disparaît avec le temps
Avec son équipe, elle a mené une vaste étude pour examiner le risque de développer un lymphome et un cancer après le paludisme. Des études antérieures indiquaient une corrélation entre le paludisme et certains types de lymphomes infantiles dans des zones endémiques en Afrique. Toutefois, aucune étude longitudinale des cas de paludisme n'avait été réalisée pour étudier le risque d'autres lymphomes et cancers.
Grâce à son étude, Katia Wyss a pu démontrer que les personnes nées en Afrique subsaharienne et chez qui le paludisme a été diagnostiqué à l’étranger présentaient un risque accru de développer des tumeurs lymphoïdes à l'âge adulte. Cela serait dû aux épisodes répétés de paludisme que la personne a pu connaître dans sa vie avant de changer d’endroit.
“Notre recherche a montré que les personnes qui viennent de régions où le paludisme est endémique et qui se croient souvent immunisées peuvent devenir aussi malades que les voyageurs. Il est important que ce groupe de patients soit également admis pour recevoir des soins, ce qui n'est pas toujours le cas”, souligne Katia Wyss. Pour elle, les voyageurs vivant à l’étranger depuis longtemps mais nés dans un pays d’Afrique subsaharienne pensent être encore immunisés au paludisme, ce qui n’est pas le cas. C’est la raison pour laquelle ils doivent prendre un traitement prophylactique contre le paludisme pour éviter les risques de tomber malade.