Touchant près de 900 000 personnes en France, Alzheimer est une maladie neurodégénérative provoquant des troubles de la mémoire et du comportement et qui reste encore à ce jour incurable.
Mais depuis plusieurs années, la recherche a fait de grands progrès pour trouver un traitement à la maladie, ou du moins ralentir sa progression. De nouveaux travaux récemment publiés dans la revue Geroscience font état d’une nouvelle molécule découverte par l'équipe de chimie médicale et de pharmacologie de l'université de Barcelone et qui, à terme, pourrait déboucher sur la commercialisation d’un médicament contre la maladie d’Alzheimer.
Une nette amélioration de la mémoire et du comportement
Testé sur des souris, ce nouveau médicament appartient à une famille de molécules qui se lient aux récepteurs imidazole I2. Ces récepteurs se trouvent dans plusieurs organes et participent à de multiples processus physiologiques (analgésie, inflammation, maladies du système nerveux, etc.). Ils sont aussi liés à des processus neurodégénératifs et semblent augmenter dans le cerveau des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer.
Des études antérieures menées par ce même groupe de recherche ont déjà montré l'effet positif de cette famille de molécules sur l'évolution de la maladie d'Alzheimer. "Suite à ces résultats, notre objectif était de déterminer le mécanisme et les paramètres qui changent lorsque le médicament est administré à des modèles animaux, en particulier à des souris dont la neurodégénérescence est liée au vieillissement, ce qui est considéré comme pouvant être lié à l'apparition tardive de la maladie d'Alzheimer", explique Carmen Escolano, chercheuse à l'Institut de biomédecine de l'Université de Barcelone (IBUB).
Le médicament a donc été administré à des souris dont la neurodégénérescence équivaut à celle apparaissant chez des sujets de 65 ans ou plus. Les chercheurs ont ensuite analysé différents marqueurs de la progression de la maladie, et ont soumis les rongeurs à des tests de comportement et de mémoire à court et long terme, afin d'étudier les effets du traitement.
Les résultats ont montré une amélioration significative, à la fois de la mémoire et du comportement, chez les animaux ayant reçu le médicament, par rapport au groupe de contrôle. "La nouvelle molécule a amélioré la cognition et a atténué l'anxiété chez les souris. En outre, nous avons pu confirmer au niveau moléculaire que le traitement avec cette molécule a réduit la neuroinflammation et le stress oxydatif typiques de la maladie d'Alzheimer, et qu'il a diminué des marqueurs spécifiques de la pathologie, tels que la protéine tau ou la bêta-amyloïde", détaille Mercè Pallàs, membre de l'Institut des neurosciences (UBNeuro) et co-autrice principale des travaux.
Les chercheurs ont aussi mis en lumière le mécanisme d’action de cette nouvelle molécule.
"Nos résultats apportent la preuve que les changements moléculaires qui ont lieu après le traitement sont liés à la voie de la calcineurine, une enzyme phosphatase responsable de la production de médiateurs inflammatoires tels que les cytokines ou de la réduction de la plasticité neuronale", note Carmen Escolano.
Pour la chercheuse, "ces résultats ouvrent de nouvelles possibilités pour cette famille de ligands du récepteur I2 de l'imidazole, car l'amélioration cognitive qu'ils produisent dans les modèles animaux de neurodégénérescence est déterminée par le mécanisme d'action décrit".