Maladie inflammatoire chronique qui touche les articulations, la polyarthrite rhumatoïde est due à une inflammation de la membrane synoviale qui tapisse l’intérieur de la capsule qui entoure les articulations, principalement des mains, des poignets, des genoux et des petites articulations des pieds. Les articulations deviennent gonflées et douloureuses, ce qui limite l’amplitude de mouvement. Sans traitement adapté, les articulations ont tendance à se déformer au fil du temps et à devenir particulièrement invalidante. Il est aussi fréquent que la polyarthrite rhumatoïde gagne d’autres articulations, comme celles des épaules, des coudes, de la nuque, des hanches ou des chevilles.
Pris au cours des 3 à 6 premiers de la maladie, les médicaments antirhumatismaux augmentent les chances de rémission prolongée. D’après une nouvelle étude publiée dans la revue PLOS ONE et menée par l'université de Malte et l'université du Staffordshire (Angleterre), les patients en rémission de la polyarthrite rhumatoïde présenteraient cependant une température corporelle significativement plus élevée que les sujets n’ayant jamais eu la maladie.
Une température plus élevée aux articulations du pied
Les chercheurs ont recruté 31 patients atteints de polyarthrite rhumatoïde en rémission, ainsi que 52 adultes en bonne santé pour constituer le groupe témoin. Des images thermiques de différentes régions du pied - médiale, latérale, avant-pied et talon - ont été prises, analysées puis comparées.
Comme lors de précédents travaux portant sur les articulations des mains, ces nouveaux clichés ont montré qu’il existait "une différence significative des températures dans toutes les régions de l'avant-pied entre les patients atteints de PR en rémission et les patients en bonne santé", explique le Dr Alfred Gatt, de l'Université de Malte, qui a dirigé l’étude.
Ces résultats montrant que la chaleur émise par les articulations du pied des personnes en rémission de polyarthrite rhumatoïde sont d’autant plus surprenants qu’aucune inflammation n’avait été détectée par des méthodes conventionnelles. "C'est important car cela implique qu'une maladie sous-jacente se développe et que la thermographie est suffisamment sensible pour détecter ces changements", estime ainsi le professeur Nachi Chockalingam de l’université du Staffordshire, et co-auteur des travaux.
Un potentiel de dépistage pour l’imagerie thermique
Pour les chercheurs, ces résultats sont importants car ils constituent "la base de futures études visant à évaluer si les modèles thermographiques changent avec l'activité de la maladie », avance le Dr Gatt, qui ajoute que "l'imagerie thermique a le potentiel de devenir une méthode importante pour évaluer la polyarthrite rhumatoïde".
"À l'avenir, il pourrait être possible d'utiliser de petites caméras d'imagerie thermique comme outil de dépistage pouvant être utilisé par le clinicien ou le patient lui-même pour détecter les changements précoces et prévenir d'autres dommages aux articulations, qui peuvent entraîner des déformations et des handicaps importants", s’enthousiasme le Pr Chockalingam.
Dans le cas de ces patients ayant participé à l’étude, ces résultats montrent également qu’une surveillance médicale est nécessaire. "La rémission est un état dans lequel la polyarthrite rhumatoïde, qui est une maladie auto-immune, est dans un état contrôlé et il n'y a pas d'inflammation active dans les articulations. Cela ne signifie pas qu’elle n'est pas présente et qu'elle ne peut pas s'aggraver à nouveau. Ce que nous disons maintenant, c'est que ces patients ont besoin d'une surveillance continue."