- Le glyphosate induit un changement génétique dans le sperme de souris.
- Les enfants et les petits-enfants des souris sont également touchés par la maladie, même sans avoir été en contact avec le glyphosate.
Le glyphosate est un sujet complexe. Longtemps utilisé par les particuliers comme les professionnels pour désherber les jardins et détruire les mauvaises herbes, ce produit phytosanitaire a été interdit à la vente pour les particuliers depuis 2017. Toutefois, le produit reste disponible pour les agriculteurs et les professionnels. Alors que la France devait initialement interdire complètement son utilisation sur le territoire à partir du 1er janvier 2021, le pays peine à exclure complètement de ce produit. Cette sortie tant attendue qui ne se fera sans doute pas complètement, et c'est un échec qu’Emmanuel Macron reconnaît, indiquant qu’il n’a “pas réussi”. Le président de la République, qui est bien conscient que les agriculteurs en ont besoin, ne propose pour l’instant qu’un crédit d’impôt de 2 500€ pour ceux qui renonceront à l’herbicide.
Pourtant, les arguments montrant sa dangerosité sont connus. Des chercheurs de l’université de l’État de Washington (Etats-Unis) viennent même de fournir la preuve qu’il entraîne des modifications génétiques pouvant également atteindre les descendants de la personne en contact avec ces produits phytosanitaires. Les résultats ont été publiés le 9 décembre dans la revue Epigenetics.
Un désherbant très controversé
Le glyphosate est un produit phytosanitaire largement utilisé pendant des années dans l’agriculture et le jardinage. Si l’image de ce produit s’est considérablement dégradée au cours des dernières décennies, c’est à cause de ses nombreux effets négatifs sur la santé : il a été classé en “cancérigène probable” par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’exemple le plus connu reste celui de Dewayne Johnson, un ancien jardinier municipal qui a manipulé pendant deux ans, dans le cadre de son travail, du Roundup et son équivalent professionnel, le RangerPro. Aujourd’hui, il est en phase terminale d’un lymphome non hogkinien incurable.
Pour se rendre compte des effets du glyphosate sur la santé, les chercheurs ont tenté leur expérience sur cinquante souris qu’ils ont exposées à ce produit durant une année entière. Ils ont également mis des souris femelles enceintes en présence du produit phytosanitaire et fait des prélèvements du sperme des souris mâles. Ils ont observé le comportement des souris sur plusieurs générations, afin de comprendre quels étaient les changements opérés chez elles.
Un changement qui affecte toutes les générations
Au final, les spermatozoïdes des souris en contact avec le glyphosate ont subi des modifications génétiques. Pire, une fois atteints l’âge adulte, 90% des rats des troisième et quatrième générations dont les parents ont été exposés au glyphosate présentaient un ou plusieurs problèmes de santé aux testicules, à la prostate ainsi qu’aux reins. Les souris souffraient également d’obésité et n’arrivaient pas à produire un sperme sain, ni à l’expulser normalement.
Ce qui démontre selon les auteurs, la capacité du glyphosate à favoriser la transmission transgénérationnelle de la maladie chez les rongeurs. Ils espèrent maintenant voir quels sont les changements au niveau des biomarqueurs afin de déterminer la propension de générations suivantes qui seront également touchés.
“Bien que nous ne puissions pas réparer ce qui ne va pas chez une personne qui a été exposée, nous pouvons potentiellement utiliser ces résultats pour diagnostiquer si une personne a un plus grande risque de contracter une maladie rénale ou de la prostate plus tard dans sa vie, indique Michael Skinner, professeur de biologie à l’université de l'État de Washington et auteur de l’étude. Nous pouvons aussi prescrire une thérapie ou un changement de mode de vie pour aider à atténuer ou à prévenir la maladie.”
L’étude s’est concentrée en priorité sur le sperme des souris mâles mais les chercheurs prévoient de reproduire la même expérience en se focalisant cette fois sur les ovules des souris femelles. A terme, leur objectif serait de reproduire des études similaires sur les êtres humains, bien que selon les chercheurs, cela soit plus compliqué à cause de l’omniprésence des glyphosates dans notre alimentation qui pourrait fausser les résultats.