La sensation que le cœur bat trop fort dans la poitrine, qu'il s'emballe, que son rythme est irrégulier: cela peut être le signe d'une fibrillation atriale, une maladie qui touche 750 000 personnes en France et qui est souvent difficile à diagnostiquer parce que dite "silencieuse", c'est à dire sans symptômes facilement repérables ou qui ne se manifeste que par des signes apparemment sans gravité. Et pourtant, de simples palpitations peuvent cacher une FA avec le risque majeur qui l'accompagne, un accident vasculaire cérébral.
Pour détecter la réalité d'une arythmie cardiaque pouvant être due à une fibrillation atriale, il y a un geste très simple à réaliser: la prise de pouls. "Il n'y pas pas d'autre façon de savoir si l'on est en arythmie cardiaque que de prendre son pouls", explique le Dr Mathieu Kerneis de la Pitié-Salpêtrière à Paris.
- Soit on prend son index et son majeur et on les mets au niveau de la petite gouttière qui se trouve sous le pouce, on sent alors une pulsation qui permet de mesurer son rythme cardiaque.
- Soit, et c'est une autre façon de prendre son pouls au niveau de la carotide, on peut poser trois doigts, le majeur, l'index et l'annulaire, juste à côté de la trachée.
Il y a par ailleurs aujourd'hui des outils digitaux qui permettent de voir encore plus précisément si le rythme cardiaque est bon, ce sont tous les outils, connectés ou non, comme des montres ou des bracelets utilisés par des sportifs qui mesurent en direct et en permanence la fréquence cardiaque. Les médecins les jugent très utiles pour une surveillance régulière du rythme cardiaque chez les patients souffrant de fibrillation atriale.
Dans tous les cas, il suffit alors de ... compter! Combien de pulsations ressenties en une minute (on peut aussi, c'est arithmétique, compter les pulsations durant 15 secondes et multiplier par 4).
Entre 50 et 100 pulsations par minute
Mais attention, c'est davantage l'irrégularité du rythme cardiaque qui signe la présence d'une fibrillation atriale que sa fréquence. On dit habituellement qu'un pouls normal doit être compris entre 50 et 100 pulsations par minute. En-dessous de 50 pulsations, c'est que le rythme cardiaque est trop lent. Ce qui peut être toutefois normal pour des personnes très sportives et au repos. Mais le rythme ne doit jamais descendre sous les 40 pulsations. Jusqu'à 100 pulsations par minute, cela reste normal si on vient de faire un effort, mais au-delà, c'est trop rapide et l'on parle de tachycardie. "Lorsque le rythme dépasse nettement 100 pulsations par minute, c'est qu'il y a un trouble du rythme cardiaque, une anomalie de l'électricité au niveau du cœur qui doit vous amener à consulter", souligne le Dr Mathieu Kerneis.Le risque de formation de caillots sanguins
"Au repos, on ne sent pas battre son cœur. Quand on commence à la sentir battre, c'est ce que l'on appelle les palpitations, lorsque le cœur bat de façon rapide et irrégulière", ajoute le Dr Kerneis.
L'arythmie cardiaque, signe principal de la fibrillation atriale, est liée à des anomalies "électriques" qui font que les oreillettes se contractent de façon très rapide et irrégulière. Et comme elles se contractent de façon trop rapide pour assurer une bonne circulation du sang, celui-ci stagne dans ces oreillettes et finit par former des caillots.
Ce sont ces caillots qui, dans la fibrillation atriale, représentent le plus grand risque: s'ils se transportent dans les vaisseaux qui alimentent le cerveau, ils peuvent boucher une artère et provoquer un accident vasculaire cérébral. D'où l'importance, en prévention, de savoir prendre son pouls pour vérifier que rythme cardiaque est normal ou repérer lorsqu'il devient anormal.
Pour traiter ce risque de formation de caillots, la prescription de médicaments anti-coagulants est le pilier principal de la prise en charge d'une fibrillation atriale.