Les carottes rendent aimables selon l’adage. Mais ce ne sont pas leurs seuls bienfaits : elles sont une source de bêta-carotène, un précurseur de vitamine A. Cette dernière est importante pour la santé cellulaire et pour la vue, mais elle offre aussi une protection contre l’accumulation de cholestérol dans les artères, liées à l’athérosclérose. Chez certaines personnes, consommer des carottes n’aura toutefois aucun impact bénéfique. Des chercheurs l’ont constaté dans Journal of Lipid Research.
Le rôle essentiel de l'enzyme BCO1
L’organisme a besoin de l’enzyme bêta-carotène oxygénase 1 (BCO1), pour que les molécules présentes dans la carotte nous procurent des bienfaits, car elle permet de transformer la bêta-carotène en vitamine A. Selon notre patrimoine génétique, nous avons une version plus ou moins active de cette enzyme dans notre corps. Les chercheurs ont voulu comprendre l’impact de cette activation amoindrie sur l’organisme. "Les personnes ayant une variable génétique associée à une activation plus importante de l’enzyme BCO1 avaient moins de cholestérol dans le sang", constate Jaume Amengual, co-auteur de l’étude. Avec ses collègues, il a fait cette découverte en analysant les échantillons de sang et d’ADN de 767 personnes en bonne santé, âgées de 18 à 25 ans.
Une étude sur des souris pour confirmer ce constat
Une deuxième étude a été ensuite menée sur des souris pour mieux comprendre le phénomène associé à l’enzyme BCO1. "Dans l’étude sur les humains, nous avons vu que le taux de cholestérol était plus élevé chez les personnes ne produisant pas beaucoup de vitamine A, développe Jaume Amengual. Pour comprendre, si cette observation a un effet sur le long terme, nous aurions dû attendre 70 ans, pour voir si les participants développaient un problème cardiovasculaire. (…) C’est pourquoi nous avons utilisé des animaux, pour accélérer ce processus." Chez la souris, les chercheurs ont réalisé le même constat. Lorsqu’ils leur ont donné de la bêta-carotène, les souris avaient moins de cholestérol dans le sang. Elles ont moins développé de lésions d’athérosclérose dans leurs artères. "Cela veut dire que les souris nourries avec de la bêta-carotène sont mieux protégées contre l’athérosclérose, en comparaison, à celles nourries sans ce composé bio-actif", ajoute le chercheur.
Comment compenser cette activité insuffisante de l’enzyme BCO1 ?
Ces différentes analyses montrent qu’un taux élevé de bêta-carotène dans le sang n’est pas toujours associé à une bonne santé cardiovasculaire. Cela peut être le signe d’une enzyme BCO1 peu active, et d’un manque de conversion de cette molécule en vitamine A. Jaume Amengual indique que la moitié de la population a une version insuffisamment active de l’enzyme BCO1. "Cela veut dire que leur corps met plus de temps à fabriquer de la vitamine A à partir d’une source végétale, et qu’elles pourraient avoir besoin d’obtenir ce nutriment directement depuis une source animale, comme le lait ou le fromage, par exemple", conclut-il.